BARBAULT ROBERT (1943-2013)
Infatigable défenseur de l’écologie et militant engagé pour la préservation de la nature, le Français Robert Barbault a été l’un des grands spécialistes de la biodiversité et de sa conservation. Ses travaux ont permis à l’écologie scientifique de devenir un champ important de la recherche française. Sa plus belle réussite est précisément d’avoir sensibilisé le public et les décideurs politiques à ce problème de la biodiversité, laquelle est devenue l’un des enjeux planétaires du xxie siècle.
Étudiant à l’École normale supérieure en 1964, Robert Barbault, né le 24 janvier 1943 à Paris, s’intéresse tout d’abord à l’éthologie puis passe rapidement à l’étude de l’écologie sous la direction de Maxime Lamotte et de François Bourlière. Il part pour une mission de longue durée à la station d’écologie tropicale de Lamto en Côte d’Ivoire pour y étudier les réseaux trophiques et les stratégies biodémographiques des populations d’amphibiens. En 1970, il se rend au Mexique pour travailler sur des lézards. Durant toute sa vie, son humanisme l’a conduit à relier l’homme à cette nature qui l’entoure et à laquelle il appartient pleinement.
Les activités scientifiques de Robert Barbault ont d’abord concerné le domaine de la biologie des populations et des peuplements puis celui, plus vaste, de l’écologie et de la biodiversité. Il a assumé de nombreuses responsabilités scientifiques. Au C.N.R.S., il a été animateur de la section Écologie-évolution-environnement, directeur scientifique à la fin des années 1990, puis président de la section Écologie au Comité national de recherche. À l’université Pierre-et-Marie-Curie, où il a été professeur de 1983 à 2012, il a organisé le laboratoire d’écologie. Puis, au Muséum national d’histoire naturelle, il a fondé en 2002 le département Écologie et gestion de la biodiversité, dont il a assuré la direction durant dix ans.
Robert Barbault a joué un rôle prépondérant dans l’émergence d’une écologie scientifique française, œuvrant notamment au lancement de la revue EcologyLetters, un des fleurons de la littérature scientifique. Parallèlement, et toujours plus en synergie avec ses activités scientifiques, ses interrogations humanistes ont porté sur le développement durable, la préservation de la biodiversité et les relations entre sciences et société. Cela l’a conduit à préciser que l’écologie des populations ne peut se développer en dehors du contexte plus large des écosystèmes où se déploient et évoluent ces populations. Réciproquement, l’étude des écosystèmes ou des paysages ne peut se désintéresser des populations qui en constituent la trame biologique. Pour Robert Barbault, une telle initiative doit nécessairement s’appuyer sur la recherche fondamentale, avec trois grandes priorités : l’aspect écologique des changements planétaires, l’écologie et la conservation de la diversité biologique, les stratégies pour les systèmes écologiques durables.
De 2002 à sa mort le 12 décembre 2013, il a été président du comité français du Programme de l’U.N.E.S.C.O. sur l’homme et la biosphère (Man and Biosphere Programme, ou M.A.B.). Grâce à la dynamique et à l’importance des travaux du comité sous son impulsion, la France a pu retrouver une place au sein du Conseil international de coordination de ce programme. Robert Barbault a également été, à partir de 2005, vice-président du Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité (C.S.P.N.B.) auprès du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Il a pris une part très active dans la rédaction des trois tomes de Des exemples pour la biodiversité, publiés par le C.S.P.N.B. de 2007 à 2012. Il a présidé le Conseil d’orientation de l’Agence technique des espaces naturels (A.T.E.N.) à partir de 2002 ainsi que le conseil scientifique[...]
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Écrit par
- Gilles BOEUF : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
Classification
Média