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BOYLE ROBERT (1627-1691)

Né à Lismore (Irlande) et mort à Londres, le plus jeune des quatorze enfants de Richard Boyle, comte de Cork.

Robert Boyle - crédits : Oxford Science Archive/ Print Collector/ Getty Images

Robert Boyle

Après des études à Eton, Robert Boyle reçoit à Genève une éducation très libérale et y étudie les mathématiques. En 1642, il poursuit ses études à Florence, où il est initié aux travaux de Galilée. Rentré en Angleterre, il rencontre Samuel Hartlib, qui attire son intérêt sur la médecine et l'agriculture, puis sur la chimie. Fortement influencé par le Novum Organum de Francis Bacon et les idées de Descartes, il fait partie, en 1656, du groupe des « philosophes de la Nature », connu sous le nom de Invisible College ou Philosophical College, qui se réunit régulièrement pour discuter les résultats des expériences de ses membres (J. Wilkins, J. Wallis, S. Ward...) et qui fonde, en 1660, la Royal Society, dont Pepys est le premier président.

Boyle considère la théorie corpusculaire de Gassendi comme une approche originale et utile, mais, moins épicurien que ce dernier, il est l'un des plus fermes opposants aux idées scolastiques des « qualités » aristotéliciennes et de l'inexistence du vide, auxquelles il préfère les explications mécanistes et rationnelles en termes de « matière et de mouvement ».

Après les expériences d'Otto von Guericke, il construit, avec Robert Hooke, une pompe à air, à l'aide de laquelle il entreprend une série d'expériences sur l'élasticité et la nature de l'air, ce qui le conduit à la découverte de la loi qui porte son nom et celui de Mariotte, qui expérimentait alors en France : « à température constante une même masse d'air occupe un volume inversement proportionnel à sa pression ».

Dans une autre série d'expériences sur la fermentation des fruits et des légumes, il montre que cette fermentation provoque un dégagement d'« air » (notre gaz carbonique), qui sera l'« air fixe » des chimistes du siècle suivant.

Expérimentateur habile et original, Boyle publie un grand nombre de travaux sur les sujets les plus divers (chimie, hydrostatique, propriétés des gaz, électricité, magnétisme, physiologie, fermentation, théologie, entre autres). Ses ouvrages, Certain Physiological Essays et The Sceptical Chymist, le font considérer comme le restaurateur de la philosophie mécaniste en Angleterre. C'est dans ce dernier ouvrage qu'il expérimente sa méfiance envers les quatre éléments classiques (terre, eau, air, feu), le sel, le soufre et le mercure des alchimistes ou le phlegme, l'huile, l'esprit, l'acide, etc., qui ne sont pas à ses yeux de vrais éléments. Bien qu'il eût essayé de démontrer par des expériences purement chimiques l'existence de particules qui persisteraient à travers les différentes opérations physiques et chimiques, il ne parvient pas à la notion d'élément, qui ne sera dégagée qu'un siècle plus tard.

C'est l'un des traits caractéristiques de Boyle que de préférer la preuve expérimentale et la discussion en termes positivistes aux argumentations logiques tortueuses. Avec lui s'annonce la grande génération des chimistes du xviiie siècle, qui aboutira à la réforme de Lavoisier et à la naissance de la chimie moderne ; son influence sur le développement des idées modernes en physique et en chimie a été considérable.

Il lègue une somme d'argent destinée à la fondation des Boyle Lectures, véritables sermons contre l'athéisme. Ses œuvres complètes ont été publiées pour la première fois à Londres (1744) par T. Birch (5 volumes), sous le titre The Works of the Honourable Robert Boyle.

— Georges KAYAS

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Écrit par

  • : maître de recherche au CNRS, physique corpusculaire

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Robert Boyle - crédits : Oxford Science Archive/ Print Collector/ Getty Images

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