BROUT ROBERT (1928-2011)
Né à New York (États-Unis) le 14 juin 1928, le physicien théoricien Robert Brout est décédé le 3 mai 2011 à Bruxelles. Après avoir obtenu son doctorat en 1953 à l’université Columbia de New York, Brout enseigne à l’université Cornell à Ithaca (État de New York) et y effectue ses premières recherches dans le domaine de la mécanique statistique. Il étudie en particulier les processus irréversibles et les effets dissipatifs des interactions. L’arrivée du jeune théoricien belge François Englert en 1959 lui permet d’élargir le champ de ses recherches et de nouer une fructueuse collaboration scientifique qui durera jusqu’à son décès. Il démissionne de son poste de professeur en 1961 et s’installe avec sa famille en Belgique. Nommé professeur à l’Université libre de Bruxelles, il co-dirigera avec Englert le service de physique théorique.
En 1964, dans un court article écrit avec Englert, il propose une construction théorique originale pour rendre compte de l’éventuelle existence de particules messagères des interactions (les particules dites « de jauge ») de masse non nulle. Ce mécanisme de brisure spontanée de symétrie, imaginé quasi simultanément par le physicien britannique Peter Higgs (1929-2024), donne aux propriétés de symétrie du vide quantique un rôle essentiel. Brout cependant participera peu aux progrès subséquents de la construction de la théorie des interactions fondamentales. La découverte des bosons électrofaibles W et Z (dont les masses sont plusieurs dizaines de fois supérieures à celle du proton) en 1983 puis celle du « boson de Higgs » en 2012 justifient, aux yeux des physiciens des particules, la pertinence du mécanisme de Brout-Englert-Higgs.
À partir des années 1970, Brout s’intéresse à la cosmologie et en particulier aux scénarios tentant d’expliquer l’existence d’une période d’inflation cosmique ; il contribue avec Englert au développement de concepts très spéculatifs liant la naissance de l’Univers à une fluctuation quantique du vide. Son décès prématuré en 2011 l’empêchera de partager avec Higgs et Englert le prix Nobel de physique 2013.
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Écrit par
- Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau
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