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BURTON ROBERT (1577-1640)

Né à Lindley, dans le comté de Leicester, le 8 février 1577, Burton fit ses études à Oxford où il obtint une licence de théologie en 1614. Il devint pasteur en 1616 et obtint des bénéfices ecclésiastiques dans le Lincolnshire et le Leicestershire de 1624 à 1631. Burton consacra sa vie au travail et à ses charges pastorales, et il mourut à Oxford le 25 janvier 1640.

De son œuvre, on retiendra une comédie satirique, écrite en vers latins, Philosophaster, critique virulente du charlatanisme. Composée en 1606, réécrite en 1615, elle fut représentée par les étudiants de Christ Church à Oxford, en 1618. Mais Burton doit sa notoriété à L'Anatomie de la mélancolie (1621), ouvrage réédité cinq fois du vivant de son auteur. Dans une très longue préface, « Démocrite junior au lecteur », Burton explique le choix de son pseudonyme, lié au désir de poursuivre l'œuvre de Démocrite, auteur d'un traité sur « les causes et les remèdes de cette atrabilis ou mélancolie ». À l'instar de Démocrite, Burton se dit désireux de « goûter à tous les plats » en suivant son « humeur vagabonde ». Dans son introduction, il explique également le choix de son sujet (« J'écris sur la mélancolie pour lui échapper ») et insiste sur son expérience de ce mal pour légitimer son propos. Enfin, conscient du caractère compilatoire de son œuvre, il cite Macrobe : « Omne meum, nihil meum », « Tout est à moi, rien n'est à moi. »

L'Anatomie de la mélancolie est composée de trois parties. La première, dont le point de départ est la chute de l'homme après le péché originel et les maux qui en ont résulté « dans le corps ou dans l'esprit », est un essai de définition de la mélancolie. Burton cherche aussi à énoncer ses diverses causes, celles qui sont dues aux « perturbations de l'esprit » (imagination, peur, colère) et celles qui sont liées à la dureté d'une éducation mauvaise et brutale, à des circonstances matérielles difficiles (pauvreté) ou à des événements traumatiques (accidents, deuils). L'auteur n'en néglige pas pour autant l'héritage médiéval, avec la théorie des humeurs, plus ou moins bien réparties dans le corps. Il traite enfin des symptômes et des signes annonciateurs de la maladie. La deuxième partie est consacrée à la thérapeutique. Burton rejette magie et sorcellerie, considérées comme « illicites ». Il recommande le recours aux remèdes et onguents traditionnels, n'hésite pas à faire des suggestions naïves (nécessité d'une vie saine, d'une nourriture convenable) mais insiste aussi sur le bon vouloir du patient. C'est enfin dans cette partie qu'on trouve une longue digression « sur l'air » et la climatologie. La troisième et dernière partie est consacrée à la mélancolie et l'amour (avec, par exemple, la jalousie), puis à la mélancolie et la religion. Burton conclut en prônant une morale de la modération et de l'équilibre, de l'espoir et de la vigilance.

De la méthode de Burton, on remarquera qu'elle fut influencée par la tradition scolastique (argumentation fondée sur une référence constante aux textes d'auteurs faisant autorité). Elle n'en est pas pour autant figée ni purement formelle. Burton observe, regarde, écoute et s'attache à la vie dans toutes ses manifestations. Son style, pourtant alourdi de citations, est ainsi toujours vivant, familier même, l'auteur ne négligeant ni l'humour ni les plaisirs de la conversation — car tel est son ton — avec son lecteur. Très apprécié au xviie siècle et quelque peu négligé par la suite malgré l'admiration que Samuel Johnson lui portait, Burton fut redécouvert par les romantiques. Pour le lecteur du xxe siècle, L'Anatomie de la mélancolie est une étape essentielle de l'histoire des idées. C'est[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur de troisième cycle, ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, maître de conférences à l'université d'Amiens, École supérieure de chimie

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