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CLIVE ROBERT (1725-1774)

Le nom de Clive est intimement mêlé à l'histoire de la conquête de l'Inde et à la victoire des prétentions anglaises sur les françaises. Originaire d'une petite famille de la gentry, sa vocation coloniale est celle de nombreux cadets de famille en quête d'un emploi : en 1743, il devient un employé de la Compagnie des Indes. Très vite, il renonce à l'administration et obtient d'être versé dans l'armée. En 1751, il se révèle en soutenant pendant cinquante jours, avec quelques centaines d'hommes, le siège d'Arcot, ville située entre Madras et Pondichéry, sur la côte de Coromandel : il met Dupleix en échec, confirme sa supériorité au cours de plusieurs batailles ultérieures et acquiert en Inde et en Angleterre une réputation de grand général, « d'essence divine » dira William Pitt au Parlement. Après un séjour en Angleterre, Clive revient en Inde au début de la guerre de Sept Ans ; il est appelé à venger une défaite anglaise à Calcutta et surtout les horribles traitements subis par les prisonniers du nabab Surajah Dowlah dans « le trou noir » de la ville, cachot sans air où périrent 116 des 146 emprisonnés. Le 23 juin 1757, parti de Madras, Clive livre à Plassey, sur les rives du Gange, à la tête de 2 000 Anglais et de 5 000 cipayes, une mémorable bataille contre 40 000 indigènes : sa victoire écrasante lui permet de détrôner Surajah Dowlah et de le remplacer par un fidèle de l'Angleterre. Calcutta reconquise, la puissance britannique apparaît alors solidement implantée. De retour dans son pays en 1760, pour y soigner une santé fortement compromise, Clive reçoit un titre de pair d'Irlande. Cinq ans plus tard, il revient en Inde avec le titre de gouverneur du Bengale : en son absence, mais sur ses conseils, la Compagnie des Indes avait poursuivi avec résolution une politique de mainmise progressive sur le Bengale et le Dekkan et mené des campagnes victorieuses contre des nababs infidèles ; elle avait obtenu le droit de percevoir les impôts au Bengale, en Orissa et dans le Bihar. Source de nombreux abus et de l'enrichissement scandaleux de fonctionnaires européens, cette perception pouvait compromettre l'avenir : Clive s'efforce de lutter contre la corruption, interdit à des agents de la Compagnie de recevoir des présents des indigènes, cherche à limiter la contrebande. En même temps, il réorganise l'armée. En 1767, épuisé, il quitte définitivement le pays. À son retour en Angleterre, il est l'objet d'une campagne de calomnies à laquelle les Communes mettent fin en adoptant une résolution qui lui rend solennellement hommage. Il n'en demeure pas moins brisé et finira par se suicider en 1774. Il laisse la réputation d'un grand chef de guerre, d'un colonisateur de mérite et, quelques années avant les scandales provoqués par la cupidité de ses successeurs, d'un homme particulièrement intègre.

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Autres références

  • INDE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par , et
    • 22 936 mots
    • 25 médias
    Dupleix trouve un émule de talent en la personne de l'officier anglais Robert Clive. Vainqueur du nawāb du Bengale au combat de Plassey (1757), menant à bien de savantes intrigues, vainqueur de nouveau à Baksar d'une coalition où figure l'empereur mogol (1764), il donne à l'East India Company le contrôle...
  • INDE BRITANNIQUE - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 577 mots

    Juin 1757 L'officier anglais Robert Clive écrase à Plassey une armée indigène et, en prenant le contrôle du Bengale, permet le renforcement de la présence anglaise en Inde.

    1784 L'India Act renforce le pouvoir de la Couronne britannique sur l'East India Company.

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