ROBERT COMBAS, GREATEST HITS (exposition)
Apparue sur la scène artistique parisienne au début des années 1980, l'œuvre de Robert Combas a rapidement fait l'objet d'une série d'expositions personnelles. Cependant, devant la surabondance de la production de l'artiste, ces manifestations ne pouvaient être que fragmentaires. Du 24 février au 17 juillet 2012, Thierry Raspail, responsable du musée d'Art contemporain de Lyon, a fait le pari d'offrir au peintre une surface à sa mesure (3000 m2) pour une manifestation intitulée Greatest Hits. Cette rétrospective permettait de parcourir l'ensemble d'une pratique expressive haute en couleur et libre de toutes contraintes. L'exposition intègre aussi, et c'est une première, le rôle primordial que joue la musique dans le travail de l'artiste. À cet ensemble foisonnant, il faut ajouter un atelier, où Robert Combas officiait aux yeux de tous.
Un peintre à l'état sauvage
Le parcours chronologique du peintre permet de mesurer l'ensemble des media qu'il utilise : cahiers d'écolier de ses débuts, dessins, peintures, sculptures, photographies repeintes, gravures ou encore vitraux. Parmi les premières peintures réalisées, les scènes de bataille occupent une place prépondérante. Une œuvre comme Bataille de cow-boys contre indiens (1980) est une manière pour le très jeune peintre – il a alors vingt-trois ans – de mettre en place un système formel qu'il saura perfectionner avec le temps. En refusant le plus souvent les données de la perspective, il sature l'espace d'un ensemble de figures grouillantes, travaillées au pinceau chargé de couleur, qu'il va ensuite cerner d'un trait noir, tout en faisant fonctionner les ressources d'un fantastique imaginaire où se conjuguent truculence et paillardise. Au fil du temps, des lectures, des voyages, des visites dans les musées, ou plus simplement de l'actualité, naissent, le plus souvent dans de très grands formats, Waterl'eau (1982), 14-18 T'auras du Rata (1985), Les Irakiens contre les Iraniens (1988), ou encore une série de peintures autour de La Guerre de Troie (1988). Dans ce même registre, il faut citer la réinterprétation que fait le peintre en 1993 de La Bataille de San Romano, de Paolo Uccello.
Robert Combas a un œil de prédateur. Tout lui est prétexte à cette fièvre de peindre qui ne le quitte jamais. Il peut s'inspirer des bandes dessinées, des icônes byzantines, de la peinture religieuse, ou remettre au goût du jour la nature morte comme les vanités. Il peut aussi donner une très libre interprétation des œuvres de Velázquez réinterprété par Bacon, Toulouse-Lautrec, le Douanier Rousseau ou encore Matisse. Les femmes sont aussi parmi les modèles privilégiés du peintre : celles qui partagent sa vie – Ketty, Geneviève ou Sophie – et qui livrent à maintes reprises de splendides corps offerts au regard, dans la violence d'une dimension érotique exacerbée.
Dès les première œuvres, l'écriture s'affirme comme une des données majeures du tableau. Robert Combas écrit partout dans le tableau, autour du tableau et sur le cadre et tient à rédiger ses légendes. Il y a là un complément drôle, insolite ou absurde, mais toujours lié à cette faconde méditerranéenne où éclatent les fulgurances d'un artiste qui s'avère être aussi un merveilleux conteur. Ainsi la Lettre d'amour en peinture (1988) est en fait un poème qui couvre le tableau. Quant à L'Autiste dans la forêt de fleurs (1991), il s'agit d'un personnage quelque peu halluciné émergeant d'un environnement végétal digne du Douanier Rousseau, accompagné de la légende : « Le fou triste aime la vie, mais il est autiste et n'arrive à converser qu'avec sa forêt de fleurs dont il est le roi... ».
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Écrit par
- Maïten BOUISSET : critique d'art
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