Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

COUTURIER ROBERT (1905-2008)

Né le 2 mai 1905 à Angoulême, Robert Couturier apprend la lithographie à l'école Estienne à Paris en 1920 et commence, à partir de 1923-1924, à réaliser ses premières sculptures en terre. La rencontre avec Aristide Maillol en 1928 est déterminante pour le jeune sculpteur ; c'est aussi le début d'une longue amitié. En 1930, il obtient le prix Blumenthal, participe à plusieurs expositions collectives de sculpture et reçoit sa première commande de l'État en 1936 avec Le Jardinier, destiné à l'esplanade du Trocadéro à Paris ; ce sera le seul garçon nu parmi cet ensemble féminin.

Sa participation à l'Exposition internationale des arts et techniques de Paris, en 1937, est également remarquée par la décoration intérieure qu'il conçoit pour le Pavillon de l'Élégance, réalisé par l'architecte Émile Aillaud et le designer Étienne Kohlmann : il réalise deux cents immenses mannequins en plâtre qui trouvent place dans une scénographie d'esprit surréaliste. En cette fin des années 1930, d'autres commandes suivront, parmi lesquelles la porte monumentale de la salle des Assemblées de la Société des Nations à Genève (1938) décorée des figures d'Apollon et Cérès.

Les années de guerre vont amener une rupture esthétique. Robert Couturier délaisse progressivement les volumes amples et pleins hérités de Maillol au profit d'une sculpture plus étirée et maigre. Les sujets religieux, Saint Sébastien (1944) et Adam et Ève (1946), traités sur un mode profane, illustrent cette esthétique de l'économie de moyens. « Ma grande joie est d'évoquer le plus d'humanité possible en cherchant les moyens les plus réduits et les plus simples de la matière », disait l'artiste. C'est dans cette perspective qu'il réalise le Monument à Étienne Dolet (1947-1949), commandé par l'État, dont la démesure et la matière irrégulière et accidentée, après avoir suscité le scandale, lui vaudront d'être refusé, et finalement de ne pas être placé dans l'espace public.

Le goût de Robert Couturier pour la concision le fait évoluer dès le début des années 1950 vers une sculpture transparente, calligraphique, dans laquelle le vide et la lumière deviennent des constituants essentiels de l'œuvre (Jeune fille lamelliforme, 1950 ; Fillette sautant à la corde, 1950 ; Femme s'essuyant la jambe, 1952 ; Armature pour une baigneuse, 1953). Robert Couturier dessine la sculpture plus qu'il ne la sculpte. Cette soustraction de la matière et des volumes dans l'élaboration de ses œuvres affirme sa volonté de créer un art de la suggestion plus que de la représentation. « La représentation littérale d'un modèle vivant ne me tente guère, affirmait-il, mais suggérer la vie par des moyens allusifs me passionne et je voudrais que chaque spectateur puisse accrocher à mes ouvrages la charge poétique dont il est porteur. »

Cette période très prolifique est ponctuée par de nouvelles commandes (deux bas-reliefs pour le hall de l'Ambassade de France à Tōkyō, en 1956), des expositions personnelles (à la galerie Creuzevault à Paris, en 1954, et à la Maison de la Pensée française, en 1959), ainsi que par ses participations aux biennales de Venise, Anvers, São Paulo (dont le sculpteur remportera le premier prix lors de la première édition en 1951).

Membre fondateur du Salon de Mai, Robert Couturier devient l'un des représentants du renouveau de la sculpture figurative en France auprès de Germaine Richier et d'Alberto Giacometti. Enseignant à l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris (1946-1962) puis à l'École nationale supérieure nationale des Beaux-Arts à partir de 1966, il joue son propre rôle dans le film d'Agnès Varda, Cléo de 5 à 7 (1962). En 1970, le musée Rodin lui consacre une importante exposition,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'université Marc-Bloch de Strasbourg, habilitée à diriger des recherches, critique d'art

Classification