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MERTON ROBERT COX (1944-2003)

L'Américain Robert C. Merton, a reçu le prix Nobel d'économie en octobre 1997, en même temps que son compatriote Myron Scholes, pour avoir élaboré une « méthode d'évaluation des instruments financiers dérivés ».

Cette méthode d'évaluation a certainement accéléré la croissance rapide des marchés des instruments financiers dérivés depuis les années 1980 et permis l'amélioration de la gestion des risques attachés à ces nouveaux produits financiers. Mais devait-on vraiment récompenser des travaux qui ont contribué à rendre plus complexes et plus opaques les marchés financiers ?

Robert Merton a sans conteste contribué à ouvrir une voie nouvelle dans le champ des sciences économiques et fortement influencé les deux autres lauréats. Né en 1944 à New York, il quitte le California Institute of Technology avec un mastère en mathématiques appliquées. Il obtient par la suite un doctorat en sciences économiques au Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.) de Cambridge, sous la direction de Paul Samuelson (Prix Nobel 1970) et se spécialise dans les problèmes d'application des méthodes probabilistes à l'évolution aléatoire des cours des actifs financiers. En 1988, il occupe la chaire George Fischer Backer de professeur en « Business Administration » à la Harvard Business School de Cambridge.

Le travail novateur de Merton date du début des années 1970, période pendant laquelle il élabore une méthode originale de calcul de la valeur des instruments dérivés. À l'origine, les « produits dérivés » n'étaient que des promesses négociables d'achat ou de vente, les deux actes fondamentaux du commerce, qu'il suffisait d'échanger pour éviter d'avoir à les tenir. Ils se sont développés dès l'ouverture du Chicago Board of Trade en 1865, et concernaient alors toutes les marchandises susceptibles de variations de prix importantes. Ce furent d'abord les matières premières, plus tard les indices boursiers, les taux d'intérêt et les devises. À partir des années 1980, les produits dérivés font partie intégrante de la liste des supports de la finance moderne et se développent en même temps que la nécessité de gérer l'incertitude. Ces nouveaux instruments permettent en fait de séparer et de segmenter les risques, de fixer un prix pour chacune de leurs composantes (risques de crédit, de liquidité, de marché) et de les réorienter vers des agents qui acceptent de les assumer.

Parmi ces instruments, les « options » occupent une place imminente, offrant aux investisseurs non seulement un outil de couverture et de minimisation du risque (puisqu'elles donnent à leurs détenteurs le droit d'acheter ou de vendre quelque chose dans l'avenir, à un prix déterminé à l'avance), mais aussi parfois un outil de spéculation.

C'est en avril 1973 que le Chicago Board Options Exchange (C.B.O.E.) crée un marché spécial d'options, quelques mois avant que Robert Merton ne publie sa formule de calcul du prix des options, dans la ligne des travaux de Black et Scholes. Il lui donnera par la suite divers prolongements et applications et, quatre ans plus tard, élaborera une nouvelle méthode d'établissement de la formule, plus globale encore, qui permettra une généralisation de la théorie dynamique des marchés financiers.

À la suite de Kenneth Arrow et Gérard Debreu, deux anciens prix Nobel dont les travaux montraient comment des individus ou des entreprises pouvaient éliminer les risques, Robert Merton a été tenté par la même démarche concernant le risque lié aux instruments financiers. L'échec de sa méthode appliquée à la gestion d'un fonds de placement à risque américain (Long-Term Capital Management) en août 1998 a quelque peu terni sa réputation de spécialiste de la finance internationale. Mais Robert Merton avait lui-même déclaré à une chaîne de télévision[...]

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