COTTE ROBERT DE (1656-1735)
Architecte français, Robert de Cotte fut un artiste de réputation européenne dont le prestige doit être comparé à celui de Bernin. Né à Paris, beau-frère de Jules Hardouin-Mansart et reçu en 1687 à l'Académie d'architecture, il lui succéda en 1708 dans les charges de premier architecte du roi et directeur de l'Académie.
Grand constructeur, Robert de Cotte était en même temps un remarquable décorateur. Tous ses commanditaires, royaux ou princiers, admiraient son art raffiné dans la distribution des appartements ou son souci, tout nouveau à l'époque, du confort. « Son intégrité et sa capacité lui attirèrent la confiance de tous les grands seigneurs et le suffrage de ses contemporains » (J.-F. Blondel).
Dès 1700, il commençait à bâtir à Paris dans le nouveau quartier du faubourg Saint-Germain. En 1710, il réalisa l'hôtel du Lude, rue Saint-Dominique, et l'hôtel d'Estrées, rue de Grenelle. Si, dans les façades, il restait fidèle à la tradition de Jules Hardouin-Mansart, dans les ornements il montre progressivement plus de liberté. Vers 1715, pour le comte de Toulouse, Robert de Cotte transforma l'hôtel de La Vrillière, œuvre de François Mansart. De 1713 à 1716, il travailla à l'hôtel du Maine puis, en 1717, construisit sa propre maison à l'angle de la rue du Bac et du quai d'Orsay, ainsi que l'hôtel Bourbon, rue des Petits-Champs. Il s'occupa également de bâtiments publics : de 1711 à 1715, il refit la Samaritaine, sur le Pont-Neuf, et les pompes qui distribuaient l'eau dans Paris. En 1719, il bâtit la fontaine du château d'eau du Palais-Royal. Il conçut la nouvelle décoration du chœur de Notre-Dame, en exécution du vœu de Louis XIII. À Versailles, il donna le dessin du célèbre péristyle du Grand Trianon et s'occupa, de 1708 à 1710, de l'achèvement de la chapelle commencée par son beau-frère Mansart. Il dessina également la façade de Saint-Roch, que son fils Jules-Robert exécuta.
Son activité exceptionnelle s'exerçait à la fois en province et à l'étranger. Toutefois, ses fonctions très absorbantes le retenaient à Paris : en véritable chef d'orchestre, il se chargeait lui-même de tracer les plans, mais il en confiait l'exécution à ses meilleurs élèves. Malgré l'importance des ouvrages dont il assumait la direction, il ne se déplaça guère pour aller vérifier les travaux exécutés sous ses ordres à Strasbourg, à Bonn, à Brühl ou à Madrid.
Robert de Cotte fut choisi dès 1700 par Hardouin-Mansart pour diriger, à Lyon, la restauration de l'hôtel de ville et donner des dessins pour l'aménagement de la place Bellecour. En 1707, il travaille au château de Thouars et présente des devis pour le portail et les tours de la cathédrale d'Orléans. Le duc d'Antin, également, lui demande des plans pour la décoration de la place Royale de Bordeaux. Ses œuvres principales les plus célèbres, en province, demeurent les palais épiscopaux de Châlons-sur-Marne (1719-1720) pour le duc de Noailles ; de Verdun, commencé en 1724 pour le duc d'Hallencourt, et surtout celui de Strasbourg pour le cardinal de Rohan, dont les travaux débutèrent en 1731. Alors qu'au Moyen Âge, les évêchés faisaient corps avec les cathédrales dont ils n'étaient qu'une annexe, Robert de Cotte les traite comme des hôtels particuliers, sans rien d'ecclésiastique, excepté l'oratoire du prélat. Ainsi le palais de Rohan, situé en face au flanc sud de la cathédrale, a un plan qui ne diffère guère de celui des hôtels parisiens du Marais : un portail concave où l'arrondi aboutit à deux pavillons, une cour rectangulaire qui communique par des arcades avec les cours de service, l'accès du logis par les pavillons d'angle et, à la place d'un jardin, et précédant l'imposante façade, une terrasse au bord de l'Ill. Pour le même commanditaire, Robert de[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Gérard ROUSSET-CHARNY : historien de l'art
Classification
Média
Autres références
-
GABRIEL ANGE JACQUES (1698-1782)
- Écrit par Michel GALLET
- 3 709 mots
- 2 médias
...de ville de Rennes, avec sa concavité centrale et son beffroi bulbeux, garde le souvenir de la place Navone que Gabriel père a pu admirer à Rome avec Robert de Cotte en 1689. Les dessins signés par Ange Jacques en 1747 pour l'église de Choisy sont encore animés d'un pittoresque qui va progressivement... -
HARDOUIN-MANSART JULES (1646-1708)
- Écrit par Jörg GARMS
- 2 165 mots
- 8 médias
...style ; Kimball a constaté que l'avènement de Pierre Lassurance en 1684 et de Pierre Lepautre en 1699 marquent des tournants sensibles dans ce domaine. De même faut-il attribuer à de Cotte, « architecte du roi » en 1685 et successeur désigné, une importance croissante (le Grand Trianon, 1686-1687 ; deuxième...