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DOISNEAU ROBERT (1912-1994)

Robert Doisneau, le plus populaire des photographes français du xxe siècle, est aussi le plus représentatif de la photographie humaniste. Un courant déjà amorcé dans les années 1930 par Brassaï, André Kertész et Willy Ronis, et dont l'influence triomphe après la Seconde Guerre mondiale. Le regard de Doisneau sur le monde traduit son empathie à l'égard des plus démunis. Ses photographies des quartiers populaires de Paris et de sa banlieue témoignent d'un mode de vie où triomphent les valeurs de solidarité, de générosité et de joie de vivre après les années d'occupation allemande. Un bonheur qui s'accompagne de luttes pour une amélioration des conditions de travail et d'existence.

Cependant, l'œuvre ne saurait être réduite au seul reportage humaniste baignant dans un univers empreint de réalisme poétique. Homme d'images sillonnant les univers les plus différents, Doisneau est aussi un homme de verbe. Son exceptionnel style métaphorique où l'humour plante le décor, où l'ironie s'affûte dans des expressions flottant entre argot et poésie, est en symbiose avec l'esprit de ses photographies et concourt au succès de ses ouvrages. Publiée et exposée dans le monde entier, son œuvre incarne l'élégance de ceux qui savent partager.

Le photographe illustrateur

Né à Gentilly le 14 avril 1912, dans une famille d'origine modeste, Doisneau entre à treize ans à l'école Estienne, qui forme aux métiers du livre. En 1929-1930, il réalise ses premières photographies. Après un passage dans les ateliers Ullmann comme dessinateur de lettres et apprenti photographe, il est engagé par André Vigneau. Dans son studio de photographie publicitaire, il côtoie les avant-gardes littéraires et artistiques et parfait ses connaissances techniques. En 1934, après son service militaire, il intègre les usines Renault comme photographe industriel. Il y restera cinq ans.

Pendant l'Occupation, Doisneau survit de commandes commerciales : musée de l'Armée, Secours national, ministère de la Jeunesse et des Sports. Simultanément, il travaille pour la Résistance : maquillage de cartes d'identité, faux passeports, ausweis (laissez-passer). Son atelier est fouillé trois fois pas la police et la Gestapo. « Imprimeries clandestines », publié par Le Point (1945), témoigne du travail de propagande des équipes d'imprimeurs auxquelles il a participé. Alors qu'il ne dispose que de deux films de douze poses, il couvre la libération de la capitale et capte l'esprit d'insurrection qui anime les Parisiens libérant leur ville. Raymond Grosset, directeur de l'agence Rapho, diffuse ses images en France et à l'étranger.

Doisneau devient l'un des principaux collaborateurs de l'agence à laquelle il restera toujours attaché. Il publie dans la presse nationale Point de Vue, La Vie ouvrière, Regards, Combat, Action, Vogue, et internationale : Life, Picture Post, Illustrated, Sunday Pictorial, Esquire. En France, les publications communistes et catholiques diffusent largement ses reportages sur les difficultés économiques et les avancées sociales de la France en peine reconstruction.

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Écrit par

  • : professeur des Universités en histoire de la photographie à l'École Louis-Lumière

Classification

Autres références

  • PHOTOGRAPHIE (art) - Un art multiple

    • Écrit par et
    • 10 750 mots
    • 20 médias
    ...est toujours vivant. Pensons à la tradition parisienne des Brassaï et des Izis (Paris des rêves, 1950). Même face aux idées les plus avancées, un Robert Doisneau garde sa présence, car sa bonté et son humour restent ouverts sur l'ambiguïté de la condition humaine. Au Royaume-Uni, Bert Hardy partage...