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DOISNEAU ROBERT (1912-1994)

La reconnaissance internationale

Dans les années 1980, les institutions culturelles françaises favorisent la reconnaissance de la photographie. Robert Delpire fonde une collection : Photopoche, dont l'ouvrage consacré à Doisneau est le plus vendu. Doisneau est porté sur la scène médiatique. Les émissions de radio, de télévision, les films qui lui sont consacrés se multiplient : Le Paris de Robert Doisneau (1973), Poète et piéton (1981), Bonjour Monsieur Doisneau (1992), Doisneau des villes et Doisneau des champs (1993). Dégagé des contraintes commerciales, il finalise des projets entrepris de longue date : Ballade pour violoncelle et chambre noire (1981) avec Maurice Baquet. En 1984-1985, pour la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (D.A.T.A.R.), il revient sur les lieux de ses premières images de banlieue et dans les villes nouvelles dont il traduit la grande solitude dans ses clichés en couleur. Ses ouvrages en collaboration avec les écrivains François Cavanna (Les Doigts pleins d'encre, 1989) et Daniel Pennac (Les Grandes Vacances, 1991, et La Vie de famille, 1993) rencontrent d'incontestables succès.

Sa première exposition personnelle se tient à la Bibliothèque nationale en 1968, tandis que la seconde est organisée en 1972 à Rochester (États-Unis). Dès lors, des manifestations sont produites dans le monde entier. La dernière exposition à Paris, en 2006, réalisée par ses deux filles Annette Doisneau et Francine Deroudille, qui gèrent le fonds au sein de l'atelier Doisneau, a réuni plus de 500 000 personnes.

« Pêcheur d'images » – ainsi qu'il aimait à se présenter –, Robert Doisneau a bourlingué dans toutes les strates de la société. Si les bistrots et leur peuple de petits commerçants et de figures des quartiers sont pour lui d'incontournables ports d'attache, sa collaboration à Vogue l'aura conduit dans l'atelier de peintres renommés et dans les maisons de campagne d'écrivains célèbres. Alors que sa notoriété ne cesse de grandir, entre nostalgie d'une époque révolue et modernité d'un pays en pleine transformation, son rapport au temps dans lequel s'inscrit toute son œuvre s'affirme comme la clef de voûte d'un travail qui court sur plus de soixante ans. Des publications telles que Trois Secondes d'éternité (1979), À l'imparfait de l'objectif (1989) témoignent de sa réflexion sur « le temps qui finit toujours par gagner ».

— Françoise DENOYELLE

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Écrit par

  • : professeur des Universités en histoire de la photographie à l'École Louis-Lumière

Classification

Autres références

  • PHOTOGRAPHIE (art) - Un art multiple

    • Écrit par et
    • 10 750 mots
    • 20 médias
    ...est toujours vivant. Pensons à la tradition parisienne des Brassaï et des Izis (Paris des rêves, 1950). Même face aux idées les plus avancées, un Robert Doisneau garde sa présence, car sa bonté et son humour restent ouverts sur l'ambiguïté de la condition humaine. Au Royaume-Uni, Bert Hardy partage...