FILLIOU ROBERT (1926-1987)
Artiste et poète français, Robert Filliou appartient à une lignée d'artistes qui, de Marcel Duchamp à Joseph Beuys et de Kurt Schwitters à John Cage, remet en cause les relations traditionnelles de l'art et du monde : « C'en est fini pour moi des objets-œuvres d'art. Ils ne sont plus pour moi que des pistes de décollage. » L'œuvre de Robert Filliou reste, de part en part, obsédée par l'idée de paix. Dans cette perspective, il a fondé « The Afro-Asiatic Combine » (dédié à la recherche sur l'influence de la pensée contemporaine africaine et asiatique sur la culture occidentale), la Biennale d'art de la paix à Hambourg et il a imaginé l'année des « 365 premiers avril » (1971). Au travers de ses images, mots, objets, actions, installations et autres « briquolages », Filliou envisage l'œuvre comme une langue universelle dont l'utopie consiste à abolir les frontières entre l'art et la vie. « L'art, remarque le créateur de la „République Géniale“, est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art. »
Principe d'économie poétique
Robert Filliou est né à Sauve dans le Gard en 1926. Après une scolarité turbulente (il est interne à Nîmes puis à Alès), il s'engage dans la Résistance dès 1943 et adhère au Parti communiste. En 1947, il se rend aux États-Unis où il travaille comme veilleur de nuit, garçon de café et même manœuvre chez Coca-Cola. Il obtient un diplôme d'économie à l'université de Los Angeles (U.C.L.A.) qui lui ouvre la possibilité de partir en mission pour les Nations unies au Japon et en Corée du Sud, où il découvre la pensée extrême-orientale. Il démissionne en 1954 et entreprend des voyages qui le mènent en Égypte, en Allemagne, en Espagne et au Danemark où il rencontre Marianne en 1957. Le « Principe d'Économie Poétique » se substituant à celui d'économie politique, Filliou développe à partir de 1960 une activité poétique qu'il présente à la galerie Addi Köpcke de Copenhague : Poème de 53 kg, Longs Poèmes courts à terminer chez soi (1961). En 1963, il conçoit avec Joachim Pfeufer le Poïpoïdrome qui trouvera sa forme définitive en 1978 au Centre Georges-Pompidou, lors de leur « hommage aux Dogons et aux Rimbauds ».
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Écrit par
- Bernard MARCADÉ : critique d'art, professeur d'esthétique à l'École nationale d'arts de Cergy-Pontoise
Classification
Autres références
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