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GAGUIN ROBERT (1423-1501)

Humaniste et diplomate français, ministre général de l'ordre des Trinitaires. Né à Calonne-sur-la-Lys, près de Béthune, Robert Gaguin fait ses premières études au monastère de Préavins (où il mourra), près de Saint-Omer. Très jeune, il entre chez les Trinitaires, qui l'envoient dans leur maison parisienne des Mathurins pour y étudier la théologie. À l'université de Paris, il s'applique aussi à l'étude du droit canon et des belles-lettres avec l'Italien Tifernas et le Français Guillaume Fichet, qui lui enseigne la toute neuve rhétorique. En 1463, il succède lui-même à Fichet à la chaire de rhétorique et il est nommé en même temps professeur de droit canon. Il devient même doyen de faculté, tandis que sa réputation lui vaut honneurs et missions. En 1475, il est élevé au rang de général de son ordre.

Louis XI l'envoie, en 1477, en Allemagne pour empêcher le mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien, mais il échoue dans sa mission. Charles VIII le charge d'une ambassade à Rome et lui demande, en 1486, de soutenir les intérêts de René de Lorraine contre Ferdinand, roi de Naples. En 1491, il est envoyé en Angleterre : on a conservé le souvenir de son éloquent discours devant le Conseil des ministres. Réputé « le mieux diseur » et le plus savant de son époque, il aurait reçu la charge, des mains de Charles VIII et de Louis XII, de la Bibliothèque royale, qu'il aurait considérablement enrichie par l'achat de précieux manuscrits ; mais le bibliographe Gabriel Naudé (1600-1653) conteste ce titre. En tout cas, on lui confie le soin des antiquités nationales et on le consulte dans les affaires politiques délicates : par là s'explique sa correspondance avec d'éminents personnages du royaume, sans compter ses rapports officiels aux souverains. Jouissant d'un crédit immense auprès des grands, Gaguin sut choisir avec discernement ses protecteurs. Érasme, jeune encore, figurait au rang de ses amis et il fit de l'humaniste français un éloge vibrant, qui n'était peut-être pas tout à fait désintéressé.

Malgré une certaine diversité dans les jugements que la postérité a portés sur les talents d'orateur, de poète ou d'historien du général des Trinitaires, les spécialistes de l'humanisme s'accordent aujourd'hui pour reconnaître l'importance de Gaguin dans le mouvement des idées et la culture française à la fin du xve siècle. Il a contribué par ses activités diverses et par ses écrits à déconsidérer les disputes scolastiques, dont l'Université était encore le théâtre. Dans une lettre à Fichet, il se moque des nominaux et de l'astrologie judiciaire qui sévissait alors, même dans les milieux instruits. Son œuvre historique la plus importante consiste dans ses annales, connues sous le nom de Compendium supra Francorum gestis a Pharamundo usque ad annum 1491 (Paris, 1497), qui devaient connaître de son vivant et après sa mort de nombreuses rééditions, lesquelles prolongent les annales jusqu'à l'année 1520 (Paris, 1521). Cette compilation d'histoire nationale servira de base, pendant de nombreuses décennies, à un grand nombre d'ouvrages historiques.

Les lettres et harangues de Gaguin donnent de son talent, de ses préoccupations et de ses amitiés l'aperçu le moins artificiel : on en connaît de nombreuses éditions, dont l'une, de la fin du xviie siècle, comporte même plusieurs inédits. Homme de son temps, Gaguin a surtout écrit en latin, à l'occasion recourant à la poésie, par exemple, dans des pièces en vers élégiaques adressées à Fausto Andrelini, dans des vers de circonstances comme un « tombeau » pour Charles VIII, ou encore dans des préceptes sur l'art de la métrique. Mais ses écrits en prose ou en vers sont plus souvent d'inspiration religieuse, ainsi dans son traité (écrit en vers élégiaques[...]

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Écrit par

  • : professeur de philosophie à l'université de Tours, directeur du département de philosophie et histoire de l'humanisme au Centre d'études supérieures de la Renaissance, Tours

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