KOCH ROBERT (1843-1910)
Le découvreur de germes pathogènes
En 1882, Koch qui, depuis deux ans a été nommé au Bureau impérial de la Santé, à Berlin, publie la découverte du bacille qui porte son nom, l'agent de la tuberculose ; il obtient des cultures pures du bacille, et, en concentrant celles-ci, il découvre la « lymphe », qui sera appelée tuberculine par la suite. Il y voit le remède spécifique de la tuberculose, qui doit guérir de façon certaine toute forme traitée dès le début. Cette publication déclenche une extraordinaire vague d'enthousiasme. Malheureusement, ce produit appliqué à tort et à travers par des médecins souvent mal informés eut des effets désastreux. On sut par la suite que son emploi n'est justifié que dans des cas tout à fait exceptionnels. Malgré cette immense désillusion, la tuberculine conserve tout son intérêt comme moyen de dépistage de la tuberculose par cuti-réaction et par intradermoréaction. Cet échec thérapeutique devait néanmoins éveiller chez Koch une profonde suspicion vis-à-vis des techniques de vaccination, suspicion dont témoigne sa controverse avec Louis Pasteur (1822-1895) à propos du vaccin anticharbonneux que le savant français avait préparé (1882). L'année suivante, pour s'attaquer au choléra, Koch part en mission officielle pour l'Égypte et les Indes ; il découvre le vibrion cholérique. Il montre que, si les essais d'infection expérimentale n'ont jusqu'alors pas réussi, c'est parce que les germes sont tués par le suc gastrique ; il suffit de neutraliser celui-ci pour permettre aux vibrions d'atteindre l'intestin et d'y proliférer. En 1884, il se rend à Toulon et à Marseille, où la maladie sévit. Il donne des conseils de prophylaxie et insiste en particulier sur la nécessité de ne consommer aucun aliment qui ne soit cuit.
À Dresde, en 1893, ses prescriptions pour le contrôle des épidémies de choléra seront approuvées par les grandes puissances.
Robert Koch est devenu une personnalité du monde de la science. Titulaire en 1885 de la chaire d'hygiène et directeur de l’Institut d'hygiène à l’université de Berlin, il est nommé, en 1890, à la tête du service de santé de la capitale et, l'année suivante, prend la direction du nouvel Institut des maladies infectieuses.
Pour étudier la peste, dont Alexandre Yersin (1863-1943) avait deux ans auparavant découvert le germe, il part en 1896 pour l'Afrique équatoriale et pour l'Égypte. Le paludisme fait ensuite l'objet d'une campagne de dix-huit mois en Italie, en Afrique et en Malaisie. Il confirme le rôle prophylactique de la quinine. Ses recherches sur la fièvre typhoïde, la rage, les maladies à trypanosomes, la lèpre, la dysenterie amibienne, les maladies du bétail sont poursuivies avec succès. Il montre que la fièvre récurrente africaine est inoculable au singe et en élucide certains phénomènes d'immunité.
Arrivé à l'âge de la retraite (1904), il ne réduit en rien son activité. Il repart pour l'Afrique étudier la maladie du sommeil, fait des essais de traitement avec de nombreux dérivés arsenicaux et montre la supériorité de l'Atoxyl.
Grâce à une activité aussi débordante et généreuse, ses recherches, épaulées par une remarquable équipe de collaborateurs qu'il avait formés, eurent des conséquences heureuses ; les mesures de prophylaxie qu'il édicta pour lutter contre les grandes épidémies sont toujours en usage, car il alliait une extraordinaire adresse d'expérimentateur à un sens critique toujours en éveil et à une grande rigueur intellectuelle.
Il devait décéder le 27 mai 1910, à Baden-Baden, au terme d'une œuvre magnifique que le prix Nobel de physiologie ou médecine avait récompensée cinq ans auparavant.
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Écrit par
- Jean BRETEY : professeur honoraire à l'Institut Pasteur, membre de l'Académie de médecine
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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