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MAPPLETHORPE ROBERT (1946-1989)

Figure singulière de la scène artistique new-yorkaise des années 1970-1980, Robert Mapplethorpe a mené de front une existence libre, parfois jugée scandaleuse, et la carrière d'un photographe à la fois provocateur et classique. Essentiellement constituée de portraits, de nus masculins et de nature mortes de fleurs, son œuvre est aujourd'hui présente dans les collections des plus grands musées d'art contemporains.

Gay Manhattan et Polaroid

Le troisième des six enfants d'Harry et Joan Mapplethorpe est né le 4 novembre 1946 à Floral Park, sur Long Island, près de New York. Robert Mapplethorpe grandit dans l'atmosphère chaleureuse mais stricte d'une famille catholique. À la Martin van Buren School, dans le Queens, l'adolescent se découvre une passion pour la musique qui le conduit à étudier le saxophone et à envisager une carrière professionnelle. C'est pourtant le dessin, pour lequel il révèle de sérieuses dispositions, qui va déterminer les études du garçon devenu bachelier. À dix-sept ans, se ralliant au souhait de son père, Robert Mapplethorpe s'inscrit au prestigieux Pratt Institute de Brooklyn. Il y étudie la peinture et la sculpture jusqu'en 1970.

C'est à la fin de ses sept années passées au Pratt Institute que Mapplethorpe découvre dans les rayons des sex-shops de Manhattan les productions homo-érotiques qui le fascinent au point de lui inspirer des collages élaborés à partir de photographies découpées dans les pages de revues et rehaussés de couleurs. Ces pièces, qui rejoignent de premières compositions provocatrices mélangeant l'imagerie religieuse et les évocations de magie, sont contemporaines de la rencontre de Mapplethorpe avec Patti Smith, chanteuse et poète. Les deux jeunes gens abritent leur amitié amoureuse dans un appartement loué à proximité de l'école avant d'emménager, une fois Robert diplômé, au Chelsea Hotel, au sud de Manhattan, – un foyer intellectuel et artistique que le jeune couple ne tarde pas à séduire. Mapplethorpe fréquente la nébuleuse d'artistes regroupés autour d'Andy Warhol dans sa Factory. De cette époque date une série de pièces surréalisantes réalisées à partir de sous-vêtements masculins trouvés dans divers rebuts qu'en émule de Marcel Duchamp Mapplethorpe tend et rembourre avant de les monter sur cadre.

La rencontre avec John McEndry, jeune conservateur du département Estampes et photographie du Metropolitan Museum, est à l'origine de l'intérêt de Robert Mapplethorpe pour un art qu'il avait négligé lorsqu'il suivait l'enseignement du Pratt Institute. Subjugué par les tirages découverts au Museum of Modern Art, Mapplethorpe ressent le besoin de produire ses propres photographies érotiques, désir immédiatement exaucé grâce à l'appareil Polaroid noir et blanc que lui offre McEndry. La commodité du développement instantané incite le nouveau photographe à aller directement aux nus masculins, d'abord avec le corps d'éphèbe du jeune Charles, auquel un jeu de miroir permet d'ajouter l'autoportrait de l'artiste. Mapplethorpe sera à cette période son propre modèle pour ses premières images d'inspiration sadomasochiste dans lesquelles il apparaît nu, suspendu et menotté. Le beau jeune homme qui, par sa personnalité autant que par ses œuvres, émeut la communauté artistique de Chelsea et de Soho et plus particulièrement l'intelligentsia homosexuelle commence l'exploration d'une veine narcissique qui l'accompagnera, à des degrés divers d'humour, de cruauté et de dérision, jusqu'à sa mort. Parallèlement à ce regard sur le corps et les fantasmes, les images produites au Polaroid par Mapplethorpe explorent des champs qu'il marquera de la même constance, les fleurs coupées et les portraits d'amis ou de personnalités. L'exposition collective qui a lieu en 1973 au Gotham[...]

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