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MAPPLETHORPE ROBERT (1946-1989)

L'audace et la rigueur

Sous l'influence de son ami Sam Wagstaff, Mapplethorpe développe son goût pour la photographie classique et les maîtres anciens découverts au MoMA. Commençant une collection avec un album du baron von Gloeden, il décide de donner à sa propre production une qualité professionnelle à l'aide d'un appareil moyen format Hasselblad, utilisé dans l'éclairage composé du studio. Le travail de Mapplethorpe subit alors un changement radical. Laissant derrière lui la spontanéité et le rendu assez pauvre du Polaroid, le photographe soigne le cadrage de ses images carrées et veille à la qualité des contrastes. Il atteint bientôt la perfection technique capable de servir la rigueur de ses images de lys, de tulipes ou d'orchidées, dont il fait ressortir la blancheur sur un fond noir. Ses portraits de célébrités aussi diverses que la princesse Margaret d'Angleterre, Bianca Jagger ou le poète Allen Ginsberg rejoignent le même parti pris d'une photographie classique proche de grands maîtres comme George Platt Lynes ou Irving Penn. Mapplethorpe, qui multiple les photographies de fleurs, les portraits de personnalités, de garçons et d'enfants, s'impose encore par l'audace de ses nus, par l'exaltation de la musculature et du sexe de modèles noirs. La seconde moitié de la décennie 1970 se montre assez féconde pour que deux galeries, la Holly Salomon Gallery et The Kitchen, montent en 1977 deux expositions du jeune artiste. Exposé la même année à l'Institute for Contemporary Photography de New York, invité par la Documenta de Kassel, Mapplethorpe occupe en 1978 la totalité des salles de la prestigieuse galerie Robert Miller et devient la vedette des critiques d'art de New York.

Le sadomasochisme homosexuel reste une de ses directions majeures, illustré sur le terrain de pratiques vécues par des amis photographiés en situation parmi leurs accessoires et leurs équipements de cuir. Certaines photographies s'éloignent de ces représentations posées pour atteindre le cas extrême de meurtrissures sanguinolentes cadrées en gros plans. Ces champs divers finissent par conforter le profil pluriel mais cohérent d'un artiste qui doit à la maîtrise de son esthétique de ne s'imposer aucune réserve.

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