SOLOW ROBERT MERTON (1924-2023)
L’économiste américain Robert Merton Solow est né le 23 août 1924 à Brooklyn (New York). Formé à Harvard, entré au Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1949, puis professeur à partir de 1957 pendant près d’un demi-siècle, il a obtenu le prix Nobel d'économie en 1987. Sa Théorie de la croissance, publiée en 1970, fait référence, de même que son ouvrage sur Les Origines du chômage aux États-Unis (1964), qui a contribué à des analyses économiques internationales.
On attribue généralement à Solow la paternité de l'analyse néo-classique de la croissance économique. Expert en analyse mathématique, il signa dès 1958, avec Paul A. Samuelson (prix Nobel d’économie en 1970) et Robert Dorfman, un ouvrage sur le développement des modèles linéaires. Mais il doit sa renommée à un article paru deux ans auparavant, « Contribution to the Theory of Economic Growth », où il définissait à la fois le cadre de la théorie macro-économique moderne et les conditions d'une croissance régulière de plein emploi. À ce titre, il expliqua par un modèle mathématique l'influence coordonnée des divers facteurs de production et démontra qu'un accroissement du stock des capitaux engendrait par la suite une augmentation de la production par tête. Ce modèle connut de nombreux prolongements, et son succès incita différents pays occidentaux à engager des crédits de recherche pour la mise en œuvre et l'application du modèle.
En 1957, Solow publia un nouvel article fondamental sur la recherche des méthodes de mesure des facteurs de la croissance. Il mit en évidence l'importance d'un facteur, jusque-là « résiduel », pour expliquer le taux de croissance de la production, quand bien même les quantités de travail et de capital restent constantes.
Ce nouveau concept, traditionnellement appelé « progrès technique », recouvre en fait une réalité très complexe puisqu'il touche aussi bien à l'amélioration de la qualité de la main-d'œuvre ou du capital qu'à celle de l'organisation des entreprises. Le mérite de Solow est précisément d'avoir introduit une variable qualitative dans les processus de production. En dépit de critiques concernant tout à la fois le concept et la méthode de quantification, Solow ouvrait la voie à un renouvellement théorique considérable en matière de fonctions de production, d'incorporation du progrès technologique aux biens d'investissement et de substitution des facteurs.
À partir de 1959, Solow travaille encore avec Samuelson à la reformulation du système keynésien, dans une présentation qui soit plus conforme aux traditions néo-classiques. Alors que John Maynard Keynes ne s'intéressait que marginalement aux problèmes de la croissance et se plaçait délibérément au niveau des grands équilibres globaux, Solow propose une analyse à long terme de la croissance et des déséquilibres. Pur produit de l'enseignement universitaire, cette théorie n'en représente pas moins l'un des courants les plus importants du néo-classicisme. En effet, elle modifie la théorie pure de l'équilibre walrassien en intégrant certaines propositions keynésiennes plus réalistes telles que le rôle de la monnaie, la possibilité d'une rigidité des prix ou des salaires et l'existence d'un chômage involontaire. Débouche-t-elle pour autant sur une pratique économique plus efficace ? Le doute est permis, mais c'est dans ce cadre que Solow propose de réinterpréter la courbe de Phillips qui devient alors l'ensemble de combinaisons taux de chômage-taux d'inflation entre lesquelles doivent choisir les responsables de la politique économique.
Robert Solow considère que la théorie économique doit rendre compte simultanément des rigidités salariales et du chômage qu'elles peuvent engendrer. Et, si les processus de négociation[...]
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Écrit par
- Françoise PICHON-MAMÈRE : maître de conférences, université Paris-Sorbonne
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