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MICHELS ROBERT (1876-1936)

Il appartient à l'école de sociologie élitiste, qui regroupe également Gaetano Mosca et Vilfredo Pareto. Comme ces derniers, il pense que tous les régimes politiques sont oligarchiques et que la démocratie est le plus difficile de tous à mettre en pratique. Mais aux réflexions économiques et sociologiques de Pareto, et aux analyses essentiellement politiques de Mosca, Robert Michels a ajouté une contribution originale en confrontant les principes démocratiques aux réalités des organisations syndicales et politiques. Et il ne cessera pas, à cet égard, de répéter : « Qui dit organisation, dit oligarchie ». Son œuvre principale, publiée en allemand en 1911, s'intitule : Zur Soziologie des Parteiwesens in der modernen Demokratie. Pour la traduction française, parue en 1914 sous le titre Les Partis politiques, l'auteur a choisi ce sous-titre significatif : « Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties ».

Né à Cologne dans une famille bourgeoise, de père allemand et de mère italienne, Michels fit des études en Allemagne, en Angleterre et en France avant d'obtenir son premier poste à l'université de Marburg. Il était alors socialiste et il participa aux congrès du Parti social-démocrate de 1903, de 1904 et de 1905 ; il quitta le Parti socialiste en 1907 alors qu'il enseignait à Turin. Michels a décrit son évolution politique dans un essai autobiographique : Eine syndikalistische gerichtete Unterströmung im deutschen Sozialismus (1932). Il a publié de nombreux articles, en particulier dans la revue de Max Weber : Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik. Il publia également les ouvrages suivants : Il Proletario e la borghesia nel movimento socialisto italiano (1908), Die Grenzen der Geschlechtsmoral (1911), L'Imperialismo italiano (1912) et Psychologie der antikapitalischen Massenbewegungen (1925). Mais il doit incontestablement sa célébrité à son ouvrage consacré aux Partis politiques ; le livre porte la trace d'influences diverses : Moïseï Ostrogorski, Georges Sorel, Édouard Berth et Hubert Lagardelle voisinent avec Arturo Labriola, Enrico Leoni, Gaetano Mosca et Vilfredo Pareto, mais également avec Proudhon et Marx. La conception du mode hiérarchique de l'organisation bureaucratique qui s'y trouve exposée est, par ailleurs, profondément marquée par l'apport, en ce domaine, de Max Weber.

Socialiste et démocrate déçu par les pratiques de la social-démocratie allemande, Michels a éprouvé lui-même, avant de l'analyser, la contradiction entre les valeurs démocratiques, qui à ses yeux légitimaient l'action collective, et la nécessité des organisations, qui s'impose à tous ceux qui veulent opérer de profondes transformations sociales. Il a découvert que les nécessités internes des organisations politiques de masse transformaient celles-ci en oligarchies et que la démocratie interne y était sévèrement limitée, sinon supprimée, par ce qu'il a baptisé la « loi d'airain de l'oligarchie ». Les partis qui devraient être les plus démocratiques, c'est-à-dire, pour Michels, les partis socialistes, deviennent des organismes oligarchiques où une minorité toujours relativement petite impose sa direction à la masse de l'organisation et parvient à se perpétuer aux postes de responsabilité. À partir d'exemples empruntés aux organisations allemandes, hollandaises, anglaises ou italiennes, il montre comment la direction des grandes machines politiques est progressivement prise en mains par une classe de dirigeants politiques professionnels qui écarte du pouvoir réel la masse des militants. La centralisation administrative, le contrôle par les dirigeants des principales sources d'information et la discipline de parti finissent par réduire à peu de choses les initiatives de la base. La démocratie, en tant que participation de tous à la direction, cesse alors pratiquement de s'exercer à l'intérieur des partis et des syndicats,[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-V, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris

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