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MONTGOMERY ROBERT (1904-1981)

Robert Montgomery a connu sa plus grande période de gloire dans les années 1930 et 1940, elles-mêmes les plus fastes de l'histoire et de la légende hollywoodienne. C'était un beau jeune homme au visage lisse et poupin, aux yeux clairs. On aimait à lui faire jouer les séducteurs désinvoltes, les soupirants indolents, les « dandys », les faux snobs et vrais aristocrates, les patriciens modestes à l'apparente et trompeuse fatuité. Vecteur d'humour et de sympathie sous le masque de l'innocence visiblement affectée, cet excellent comédien évoque Cary Grant, pour la fantaisie, et Henry Fonda, pour la candeur.

Pourtant, Robert Montgomery était autre chose qu'un gentil play-boy spécialisé dans la comédie frivole. Il a su, au fil des années, adapter son registre à toutes sortes de dramaturgies. Il s'est, à l'occasion, transformé en individu troublant, inquiétant, en semi-monstre de cinéma, comme on les redoute et comme on les aime. Dans Rage in heaven (La Proie du mort, 1941 de W.S van Dike II), il incarne une sorte de paranoïaque que n'aurait pas renié Alfred Hitchcock. La rencontre avec ce cinéaste a eu lieu, certes, mais seulement pour une gentille comédie, assez superficielle, Mr. & Mrs. Smith (1941).

Robert Montgomery a fait ses premières armes de cinéaste au côté d'un géant, John Ford, qui, malade, lui a donné l'occasion d'intervenir dans la réalisation d'un beau film de guerre : They were expendable (Les Sacrifiés), en 1945. Il tourne ensuite, seul, The Lady in the Lake (La Dame du Lac, 1946). C'est, d'après un roman de Raymond Chandler, l'un des rares exemples de « caméra subjective ». Ce procédé consiste à considérer l'action, non seulement à travers la psychologie, mais sous l'angle de vision du personnage principal, ici le détective privé Philip Marlowe. Quand il ferme les yeux pour embrasser Audrey Totter, l'écran s'obscurcit et on ne voit son visage que lorsqu'il se trouve devant un miroir. Procédé systématique ? Gadget ? Non. Ce film n'était pas un exercice de style gratuit mais un véritable thriller, un des meilleurs « films noirs » de la haute époque du genre.

Avec Ride the Pink Horse (Et tournent les chevaux de bois, 1947), Robert Montgomery signe un autre film policier d'atmosphère, plus captivant, plus poétique encore : une œuvre unique, magique, sans descendance. On n'oubliera pas, au côté du comédien-réalisateur, cette adorable fillette qui se nommait Wanda Hendrix et qui est morte à la fleur de l'âge. Robert Montgomery a réalisé, en outre, Once More my Darling, 1949, Eye Witness, 1950, et The Gallant Hours, 1960. De 1934 à 1938, il a présidé le Syndicat des acteurs.

— Gilbert SALACHAS

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Écrit par

  • : journaliste, éditeur, organisateur d'expositions sur le cinéma

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