MUGABE ROBERT (1924-2019)
Homme politique zimbabwéen, Premier ministre de 1980 à 1987, puis président de la République de 1987 à 2017.
Fils d'un charpentier de village, Robert Gabriel Mugabe, né le 21 février 1924 à Kutama (alors en Rhodésie du Sud), suit une formation d'enseignant à l'école de la mission catholique. Il est initié aux idées nationalistes au collège universitaire de Fort Hare, en Afrique du Sud. Il enseigne ensuite au Ghana de 1956 à 1960.
Robert Mugabe rentre en 1960 en Rhodésie où il participe trois ans plus tard à la formation de la Zimbabwe African National Union (ZANU) du révérend Ndabaningi Sithole, dissidence de la Zimbabwe African People's Union (ZAPU) de Joshua Nkomo. En 1964, il est arrêté pour propos subversifs et passe dix ans en prison où il suit des cours de droit par correspondance.
Robert Mugabe est libéré en 1975. Au cours de la guerre civile qui oppose de 1975 à 1979 le pouvoir blanc du Premier ministre Ian Smith à la population majoritairement noire de Rhodésie, il dirige avec Joshua Nkomo le Front patriotique du Zimbabwe. Cette guérilla possède des bases arrière dans les pays voisins : Zambie, Mozambique et Angola. Les négociations menées à Londres aboutissent en 1979 aux accords de Lancaster House qui mettent fin à la guerre et prévoient l'organisation d'élections législatives sous contrôle britannique en février 1980. Après la victoire écrasante de la ZANU, Robert Mugabe devient Premier ministre en avril.
Dans un premier temps, il adopte une attitude pragmatique destinée à rassurer les fermiers et les hommes d'affaires blancs dont les compétences sont indispensables à la bonne marche de l'économie zimbabwéenne. Il constitue un gouvernement de coalition regroupant la ZANU, qui représente la majorité shona, et la ZAPU de Joshua Nkomo, qui représente la minorité ndébélé, et garantit aux Blancs une représentation parlementaire substantielle en application de la Constitution. Parallèlement, Robert Mugabe prend des mesures destinées à améliorer les conditions de vie des Zimbabwéens noirs, augmentant les salaires, développant les services sociaux et les aides alimentaires. En 1982, il exclut Joshua Nkomo du gouvernement, provoquant le déclenchement de violences entre Shona et Ndébélé. Tandis que la situation économique est toujours aussi mauvaise, l'émigration des Blancs se poursuit à un rythme soutenu.
Robert Mugabe poursuit son projet de transformer le régime de démocratie parlementaire en un État socialiste à parti unique. Sa formation, appelée maintenant Zimbabwe African National Union-Patriotic Front (ZANU-PF), tient congrès en août 1984, fait de lui son leader incontesté et se dote de structures comprenant un comité central et un bureau politique, en vue de diriger le parti comme l'État. En 1987, les formations de Robert Mugabe et de Joshua Nkomo fusionnent en une seule, la ZANU-PF, dont Robert Mugabe prend le contrôle. Il devient président du Zimbabwe le 31 décembre 1987 et instaure un régime de parti unique ; il est réélu en 1990, à l'issue d'un scrutin pluraliste marqué par des violences et des pressions.
À la fin des années 1990, Robert Mugabe doit faire face à une agitation croissante. La situation économique chancelante et la décision d'envoyer des troupes en République démocratique du Congo pour aider le président Laurent Kabila contre la rébellion provoquent des grèves. Robert Mugabe, seul candidat en lice, est réélu en 1996. En novembre 1998, l'annonce de l'augmentation des salaires des membres du gouvernement entraîne des émeutes. À l'intérieur même de la ZANU-PF, des factions prônent l'instauration d'un régime réellement pluraliste. En 2000, un parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique, dirigé par Morgan Tsvangirai, se constitue. La même année, le pouvoir lance une campagne en vue d'exproprier les fermiers blancs sans dédommagement,[...]
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