RAUSCHENBERG ROBERT (1925-2008)
Transfert, sérigraphie, collage, assemblage
Toujours en quête de nouvelles pratiques qui fonctionnent comme autant d'espaces de liberté, Rauschenberg s'approprie dès lors toutes les techniques et tous les supports possibles : peintures, photographies (les siennes et celles des autres), sérigraphie, papier, soie, toile, acier inoxydable, céramique ainsi que toutes les images, celles de l'histoire du monde contemporain comme celles de l'histoire de l'art, sans compter tous les objets possibles. En 1958, l'artiste emploie le procédé de la décalcomanie au trichloréthylène pour reporter des photos de magazine sur du papier retravaillé ensuite à l'aquarelle. Il intègre ainsi des images de l'actualité contemporaine pour la suite monumentale des XXXIV dessins pour l'Enfer de Dante (1958-1960, Museum of Modern Art, New York). Sur les traces du poète et de son exploration du séjour des morts, Rauschenberg ne fait pas qu'explorer une nouvelle technique : il annonce l'évolution de son œuvre future, écrit Bérénice Rose, « vers un cosmos de constellations en expansion dont l'unité conceptuelle se caractérise par l'agencement sériel et la complexité ». En 1962, Rauschenberg adopte également la sérigraphie, procédé de collage indirect qui lui permet de reporter sur la toile des photographies préalablement impressionnées sur des voiles de soie sensibilisés, comme pour l'ensemble des Hoarfrosts (1974, Musée national d'art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris) composé de grandes toiles non tendues où sont incorporées de manière arachnéenne des pages et des images de journaux.
Travailleur infatigable, l'artiste adopte le plus souvent le principe de la série. En 1972, il élabore tout un ensemble d'œuvres à partir de cartons d'emballage, les Cardboads (Museum of Fine Art, Houston, Texas) pour certains recouverts de sable, qui marquent à la fois un dialogue ambigu entre la pierre éternelle et le carton éphémère, et une réflexion sociologique sur les abris que se fabriquent les clochards dans les rues de New York.
En 1984, l'artiste met en place le Rauschenberg Overseas Cultural Interchange (R.O.C.I.), une sorte d'odyssée planétaire au service de la paix. Cette exposition itinérante rassemble plus de 200 œuvres inspirées par ses voyages et ses collaborations avec des artistes et des artisans du monde entier.
Sans qu'il soit possible de citer la totalité des œuvres d'un artiste particulièrement prolifique, on retiendra en l984 la Salvage Série où, à partir des costumes qu'il a réalisés pour un ballet de Trisha Brown et des photographies empruntées à un fond personnel, il réalise des œuvres où les grandes surfaces bistres ou blanches sont empreintes d'une très grande élégance. En 1994, avec les Shales, les photographies transférées sur feuilles de cire sont appliquées directement sur la toile, l'ensemble étant ensuite recouvert de cire transparente où les ouvriers, les outils et les panneaux de signalisation apparaissent comme nombre d'éléments du quotidien. En 1999, il faut citer les Synapsis Shuffle monumental tableau de 52 pièces (chaque panneau mesurant 289,5 cm de hauteur et environ 152,4 cm de largeur, Whitney Museum of American Art, New York). L'installation itinérante est accrochée en fonction d'une liste de « compositeurs », où l'on retrouve aussi bien Merce Cunningham que la soprano Renée Fleming ou l'artiste Chuck Close.
Dès ses débuts, Rauschenberg connaît un succès considérable. Il expose dans les plus grands musées du monde et les plus prestigieuses galeries. Il est présent en l964 à La Biennale de Venise, où il obtient le grand prix de peinture qui déclenche une polémique entre la France et les États-Unis. En 1968, il est invité à la Dokumenta de Cassel. Cherchant sans cesse à explorer de[...]
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Écrit par
- Maïten BOUISSET : critique d'art
Classification
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