ZAJONC ROBERT (1923-2008)
Figure centrale de la psychologie sociale expérimentale, Robert Zajonc a fortement marqué plusieurs champs de la psychologie, et appartient aux cent psychologues les plus fréquemment cités au xxe siècle. Né en Pologne en 1923, il a éprouvé la tragédie de la Seconde Guerre mondiale en Europe au cours de laquelle il perdit ses parents, fut emprisonné, avant de fuir le fascisme et d’émigrer aux états-Unis. C’est dans ce pays qu’il amorce alors une carrière d’une quarantaine d’années exceptionnellement créatives et fructueuses à l’université du Michigan, y dirigeant le Centre de recherche sur la dynamique des groupes puis l’Institut pour la recherche sociale, avant de se voir décerner un éméritat à l’université Stanford.
L’une de ses contributions les plus marquantes réside dans la démonstration du phénomène dit de « simple exposition », en vertu duquel la présentation répétée d’un stimulus dénué de signification préalable, comme peuvent l’être un polygone ou l’idéogramme d’une langue étrangère, accroît la positivité de sa valence du fait de la familiarité qui en a été induite. Une autre contribution majeure concerne l’influence de la présence de congénères (qu’il s’agisse d’humains, ou d’insectes) sur la modulation des performances individuelles. Zajonc pensait que la probabilité d’apparition de comportements dominants s’intensifie en présence d’autrui, ce qui permet d’éclairer le phénomène de facilitation d’une performance en présence d’autrui ou, à l’inverse, de sa dégradation dans le cas où la réponse dominante s’avère incorrecte.
La contribution de Zajonc dans le domaine des émotions a été exceptionnellement débattue. Il défendait notoirement l’hypothèse d’une primauté de l’affect sur la cognition et d’une distinction fondamentale entre ces deux registres car, selon lui, « une réponse émotionnelle pourrait se produire directement sur la base d’informations sensorielles non transformées ». Quoique le débat scientifique se poursuive, ces arguments ont été largement accrédités ensuite par les neurosciences du fait du constat des relatives automaticité et indépendance du système affectif (par une voie sous-corticale vers l’amygdale).
Bibliographie
B. Zajonc, « Feeling and thinking : Preferences need no inferences », in American Psychologist, vol. 35, no 2, pp. 151-175, 1980.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Laurent BÈGUE : professeur de psychologie sociale, directeur de la Maison des sciences de l'homme-Alpes, Gières
Classification