ALAGNA ROBERTO (1963- )
La carrière de Roberto Alagna accumule tous les poncifs d'un véritable roman-photo. Il n'est donc pas étonnant que le chanteur, rapidement promu au rang de star, étende son public bien au-delà du cercle étroit des amateurs éclairés. Les réserves que suscitent parfois quelques postures théâtrales mal venues, de fréquents abandons aux lucratives séductions du monde de la variété et la mise en scène médiatique de sa vie privée ne doivent cependant pas masquer le talent de celui qui peut légitimement inscrire son nom aux côtés de celui des trois ténors – Luciano Pavarotti, Plácido Domingo et José Carreras – qui ont dominé le grand répertoire lyrique pendant les dernières années du xxe siècle.
Sa famille, d'origine sicilienne, fuit la misère, d'abord aux États-Unis, avant de s'établir près de Paris, à Clichy-sous-Bois, où elle mène une vie modeste : le père est maçon, la mère couturière. C'est là que naît, le 7 juin 1963, Roberto Alagna, aîné d'une fratrie de quatre enfants.
Très tôt, il montre d'évidentes dispositions pour le chant. Le jeune ténor ne tarde guère à se faire une réputation dans les pizzerias et cabarets où il se produit en s'accompagnant à la guitare. Tout en affermissant la technique vocale de cet autodidacte, Raphael Ruiz, son professeur, un Cubain exilé à Paris, lui fait découvrir le bel canto. Remarqué par le label Barclay, Roberto Alagna enregistre en 1985 un single – Embrasse-moi – qui se classe très honorablement au hit-parade des chansons à la mode. Sa rencontre avec Gabriel Dussurget, fondateur du festival d'Aix-en-Provence, et avec la pianiste Elizabeth Cooper sera autrement déterminante. Dès 1987, il se fait applaudir dans plusieurs villes de province françaises, parmi lesquelles Avignon, avec un florilège d'airs d'opéras. À Philadelphie, il remporte en 1988 le concours international Luciano Pavarotti, qui marque le début d'un fulgurant parcours professionnel. La même année, il se produit au sein du Glyndebourne Touring Opera, sous les traits d'Alfredo (La Traviata de Verdi). Dans ce rôle – qui deviendra une de ses signatures emblématiques –, il triomphe sur les plus grandes scènes lyriques : le Metropolitan Opera de New York, l'Opéra-Bastille de Paris, la Scala de Milan (1990). En 1992, pour sa première apparition au Covent Garden de Londres, il incarne Rodolfo (La Bohème de Puccini) et partage le haut de l'affiche avec la soprano roumaine Angela Gheorghiu. Quelques mois plus tard, sa première épouse meurt d'un cancer, lui laissant une fille, Ornella. Le rythme de ses activités ne se ralentit pas pour autant : en 1992, rôle-titre de Roberto Devereux de Donizetti à Monte-Carlo ; en 1993, Roméo (Roméo et Juliette de Gounod) au Capitole de Toulouse ; en 1994, rôle-titre de Faust de Gounod à l'Opéra de Montpellier et reprise de Roméo à l'Opéra-Comique de Paris ; en 1995, le Duc de Mantoue (Rigoletto de Verdi) à la Scala de Milan et à la Staatsoper de Vienne ainsi qu'Edgardo (Lucia di Lammermoor de Donizetti) à l'Opéra-Bastille de Paris ; en 1996, rôle-titre de Don Carlos de Verdi au Théâtre du Châtelet, à Paris.
Son mariage, le 26 avril 1996 à New York, avec Angela Gheorghiu semble idéalement approprié à émouvoir les lecteurs de la presse à sensation : celui-ci est en effet célébré en présence du maire de la ville, Rudolph Giuliani, et de Roland Dumas, ancien ministre français des Affaires étrangères, dans les coulisses du Metropolitan Opera, pendant la première Bohème qu'y interprètent ensemble les deux chanteurs, juste avant le dernier acte, celui à la fin duquel Mimì-Angela expire dans les bras de Rodolfo-Roberto. Dès lors, c'est ensemble qu'ils chanteront le plus souvent. La famille Alagna s'occupe activement des décors et des costumes de chaque production. Le couple,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Autres références
-
GHEORGHIU ANGELA (1965- )
- Écrit par Pierre BRETON
- 920 mots
Une rare beauté, un art du chant accompli et un tempérament de feu lui ont permis d'inscrire son nom parmi ceux des sopranos les plus marquantes de sa génération. La chanteuse roumaine Angela Gheorghiu était déjà une vedette avant que la romance de ses amours avec le jeune et brillant ...