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CALASSO ROBERTO (1941-2021)

Petit-fils d’Ernesto Codignola, fondateur des éditions La Nuova Italia, et fils de Francesco Calasso, éminent juriste et figure de premier plan de l’antifascisme florentin, Roberto Calasso ‒ né le 30 mai 1941 à Florence, mort le 28 juillet 2021 à Milan ‒ a baigné dans le milieu éditorial et littéraire dès son enfance. Il participe très jeune à la création de la maison d’édition Adelphi qui est fondée à Milan en 1962 par Luciano Foà et Roberto Olivetti, avec la collaboration de Roberto Balzen, surnommé Bobi, que Calasso tient, en quelque sorte, pour son maître spirituel et auquel il consacrera l’un de ses derniers livres, intitulé simplement Bobi(2021). Adelphi se distingue d’emblée dans le paysage éditorial italien par son originalité et l’importance des auteurs étrangers qu’elle fait découvrir aux lecteurs transalpins, à commencer par Nietzsche dont elle publie l’édition intégrale des œuvres, une première mondiale. Après la mort de Balzen en 1965, Calasso gravit tous les échelons d’Adelphi dont il devient le président en 1999 et finalement le propriétaire en 2015 tout en s’imposant, au fil du temps, comme un éditeur incomparable et visionnaire.

Célèbre pour ses couvertures sobres et raffinées, qui arborent un pictogramme chinois représentant la nouvelle lune, la maison guidée par Calasso ‒ il en devient le directeur éditorial dès 1971 ‒ n’hésite pas à explorer les voies délaissées par la culture marxiste dominante en Italie dans les années 1970. Dans son catalogue, les auteurs de la Mitteleuropa côtoient les mystiques orientaux, une place est faite à l’ethnologie, à la religion et à l’ésotérisme, si bien qu’Adelphi se taille, à cette époque, la réputation d’un éditeur élitiste, voire un peu snob. Dans L’editoria come genereletterario(2001), Calasso voit l’édition comme un art qui repose sur la forme, c’est-à-dire « la capacité de donner une forme à une pluralité de livres comme s’ils constituaient autant de chapitres d’un seul et même livre ». Incontestablement, il est passé maître dans cet art qui a permis à Adelphi de se forger une identité tout autant littéraire que visuelle, immédiatement reconnaissable, et, à partir des années 1980, de s’imposer définitivement dans le paysage éditorial italien et international.

Le triomphe de Siddhartha de Hermann Hesse et celui des œuvres de Joseph Roth précède et entraîne celui d’auteurs peu connus à l’époque en Italie comme Robert Walser et Karl Kraus, Milan Kundera et Thomas Bernhard, ou encore Sándor Márai. Sur le versant littéraire italien, Calasso a réussi à enrichir le catalogue Adelphi de classiques du xxe siècle, de Carlo Emilio Gadda à Alberto Arbasino en passant par Leonardo Sciascia, Tommaso Landolfi ou encore Goffredo Parise, et il a su relancer de très grands auteurs comme Guido Morselli ou Anna Maria Ortese.

Roberto Calasso - crédits : Ulf Andersen/ Aurimages

Roberto Calasso

Parallèlement à son activité d’éditeur, Roberto Calasso a mené une carrière de critique et d’écrivain. Il a ainsi traduit et édité l’autobiographie d’Ignace de Loyola, certains textes de Nietzsche et de Karl Kraus. Il a consacré des essais à Robert Walser, Frank Wedekind, Max Stirner et Daniel Paul Schreber. Ses recueils d’essais ont été en partie traduits en français : Le Fou impur (1974, trad. franç. 1976), Les Quarante-Neuf Degrés (1991, trad. franç. 1995), La Littérature et les dieux (2001, trad. franç. 2002), La Folie qui vient des nymphes (2005, trad. franç. 2012). Mais Calasso est surtout l’auteur d’une œuvre en onze volumes, commencée en 1983 avec la parution de LaRuine de Kash (trad. franç. 1987) et poursuivie avec Les Noces de Cadmos et Harmonie (1988, trad. franç. 1991), Ka (1996, trad. franç. 2000), K (2002, trad. franç. 2005), LeRose Tiepolo (2006, trad. franç. 2009), La Folie Baudelaire (2008, trad. franç. 2011), L’Ardeur (2010, trad. franç.[...]

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Écrit par

  • : DEA de littérature italienne contemporaine à l'université Sorbonne nouvelle, Paris

Classification

Média

Roberto Calasso - crédits : Ulf Andersen/ Aurimages

Roberto Calasso