CAMPILLO ROBIN (1962- )
Tout à la fois monteur, scénariste et auteur-réalisateur, Robin Campillo est né le 16 août 1962 à Mohammédia au Maroc. Il fait ses études à Aix-en-Provence et intègre, au milieu de la décennie 1980, l’IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques) où il rencontre Laurent Cantet. En 1990, il participe à la création de Sérénade, un collectif de production qui parvient à monter une dizaine de courts-métrages. Au début des années 2000, ses membres se retrouvent au sein d’un groupe informel qui s’affirme un temps, face à ceux qui sont fédérés autour d’Arnaud Desplechin-Noémie Lvovsky ou de Pascale Ferran-Pierre Trividic, comme un des pôles générationnels qui structurent le jeune cinéma français. Chacun à leur tour, aidés par leurs camarades, les cinéastes parviennent à signer un long-métrage remarqué : Vincent Dietschy (Julie est amoureuse, 2000),Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, 2000), Laurent Cantet (L’Emploi du temps, 2001), Gilles Marchand (Qui a tué Bambi?, 2003). Pour sa part, Robin Campillo monte trois films de Laurent Cantet (Les Sanguinaires, 1997 ; Ressources humaines, 1999 ; L’Emploi du temps, 2001, dont il coécrit également le scénario) et Qui a tué Bambi?. Il est le dernier à passer au long-métrage avec Les Revenants (2004, scénario, montage et réalisation).
En demeurant au strict niveau des faits, sans présupposés métaphysiques ou horrifiques, Les Revenants reprend une thématique familière des séries B anglo-saxonnes au cours des années 1950 : des morts quittent leurs tombes pour reprendre leurs places parmi les vivants, ce qui n’est pas sans poser bien des problèmes individuels et sociaux remettant en question la notion même de deuil. Le fantastique ayant beaucoup évolué depuis les standards originaux américains, ce style déconcertant confère aux Revenants un attrait tout particulier. Deux ans plus tard, Alexandre Bustillo et Julien Maury marqueront le début d’une vague de films d’horreur à petit budget qui relanceront le genre en France, mais dans un esprit plus violent. Dans ce contexte favorable, lorsque les producteurs des Revenants, Caroline Benjo et la société de production Haut et Court, se lancent dans la réalisation de séries télévisées, c’est logiquement le film de Campillo qu’ils proposent à Canal Plus d’adapter. La préproduction est laborieuse avant que Fabrice Gobert (Simon Wernera disparu, 2010) ne s’impose pour diriger le collectif d’écriture et la réalisation en 2010. Les deux saisons de 8 × 52 minutes (2012 et 2015) seront programmées avec succès dans plus de vingt pays. Mais sans Robin Campillo qui, pendant ce temps, monte huit films de Laurent Cantet et en coscénarise quatre, dont Entre les murs (palme d’or du festival de Cannes 2008) qui lui vaut le césar de la meilleure adaptation. En 2016, il coécrit le troisième long-métrage de Rebecca Zlotowski, Planetarium : un scénario d’auteur pour une ambitieuse production de facture hollywoodienne qui évoque les troubles années 1930 en France à travers une peinture du milieu cinématographique
Prix Horizons (Mostra de Venise 2013), son second long-métrage, Eastern Boys s’ouvre brillamment par une scène à la gare de l’Est où se précise peu à peu le ballet inquiétant montrant des jeunes d’Europe centrale, constamment en train de s’égayer puis de se regrouper. Tendu, glaçant, le film est la chronique de la relation entre un cadre moyen homosexuel et l’un de ces voyous, passant par diverses phases d’amour et d’humiliation, jusqu’à la violence finale dans un petit hôtel où sont logés des demandeurs d’asile. Il y a du vil et du trivial, mais aussi du Cocteau, du Genet, dans Eastern Boys.
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Écrit par
- René PRÉDAL : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen
Classification
Média
Autres références
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