ROCHES (Classification) Roches métamorphiques
Héritières d'une très grande diversité de textures et de compositions chimico-minéralogiques, les roches métamorphiques (C. Lyell, 1833) offrent à leur tour une telle variété d'associations minérales et de textures que, dès le début de leur étude, les essais de classification suivant les méthodes proprement naturalistes n'ont pu aboutir. Le principe d'une classification systématique faisant appel à des caractères chimiques, minéralogiques et texturaux, largement utilisé pour les roches éruptives, s'est en effet révélé inapplicable aux roches métamorphiques, bien que ces deux catégories de roches soient issues de processus endogènes. En fait, la pétrologie des roches métamorphiques n'a pu progresser qu'envisagée sous un angle résolument génétique, à la lumière des raisonnements et des données de la physique et de la chimie, les problèmes de classification n'y jouant qu'un rôle secondaire : comprendre avant de classer.
Textures
Bon nombre de roches métamorphiques résultent de la transformation à l'état solide de roches préexistantes, ce qui les distingue radicalement des roches éruptives formées par cristallisation d'un liquide silicaté, le magma. Cependant, avec l'accroissement du degré de métamorphisme, certaines roches métamorphiques de composition favorable subissent une fusion partielle plus ou moins poussée. Un magma de composition granitique (eutectique) s'y individualise et, peu mobile étant donné son faible pouvoir d'assimilation, cristallise sur place avec tendance au rassemblement. Ces roches comportent alors deux parties : l'une, qui a évolué à l'état solide, formée par le résidu de fusion, est appelée trame ou restite ; l'autre, magmatique, formée par le matériau granitoïde, est appelée ichor ou leucosme. De telles roches mixtes, métamorphiques et magmatiques, sont des migmatites d'anatexie ; comme elles sont largement répandues dans les terrains catazonaux du métamorphisme régional, leur étude est évidemment inséparable, dans la pratique, de celle des roches métamorphiques sensu stricto.
Textures macroscopiques
Textures orientées
La majorité des roches métamorphiques qui participent à la constitution des chaînes plissées et des boucliers ont été formées lors d'un épisode de métamorphisme régional et sont caractérisées par une texture macroscopique orientée, anisotrope. Celle-ci, plus ou moins marquée sur l'échantillon ou l'affleurement, est le plus souvent rendue très apparente par la disposition planaire ou linéaire des minéraux phylliteux, micas surtout : d'où les termes classiques de roches cristallophylliennes ou de schistes cristallins qui servent à les désigner. L'orientation résulte de divers processus combinés, généralement synchrones du métamorphisme : déformation plastique d'origine tectonique ; cristallisation des minéraux dans un champ de contraintes anisotropes, cristallisation dite « mimétique » parce qu'influencée par la présence d'une anisotropie antérieure, antémétamorphique ou acquise lors du métamorphisme : ce dernier processus entraîne une simple « orientation de forme » des minéraux sans orientation du réseau cristallin. Les traces des déformations, avec aplatissement ou élongation variables, sont très générales parmi les roches du métamorphisme régional, formées dans les zones orogéniques de l'écorce, et marquent de manière frappante leur texture : ces roches appartiennent à la catégorie des tectoniques, terme qui englobe aussi des roches non métamorphiques comme les mylonites. Mais, à l'inverse de ces dernières, les roches métamorphiques sont toujours passées par un stade de cristallisation qui s'est poursuivi après le stade des déformations plastiques : ce sont donc des tectonites recristallisés[...]
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Écrit par
- Gérard GUITARD : professeur de pétrographie à l'université de Paris-VI-Pierre-Marie-Curie
Classification
Médias
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