ROCHES (Déformations) Charriages et chevauchements
Classification des nappes
On peut classer les nappes selon leur géométrie ou leur constitution.
Sur le plan géométrique, on distingue, en suivant Pierre Termier :
– Des nappes du premier genre, en forme de vastes plis couchés, à flancs inverses plus ou moins étirés ; de telles nappes sont rares ; les plus connues sont les nappes helvétiques, les plus étonnantes les nappes de la Montagne Noire, représentées presque exclusivement par leur seul flanc inverse. Leur « tête » anticlinale est leur trait le plus caractéristique ; elle peut être isolée par l'érosion et former une tête plongeante (fig. 7), surtout si des mouvements ultérieurs ont reployé la nappe ; une telle tête plongeante a évidemment la fausse apparence d'un anticlinal autochtone – ou para-autochtone – déversé en sens inverse du charriage et il est parfois délicat de l'en distinguer, ce qui est une source importante de controverses. Quand deux nappes du premier genre sont superposées, la nappe inférieure peut épouser la forme de la tête de la nappe supérieure qui se trouve ainsi « encapuchonnée » par un pli en retour (fig. 8).
– Des nappes du second genre, qui résultent d'une rupture selon une surface subhorizontale ; de telles nappes sont les plus répandues ; ne dérivant pas de plis, elles sont généralement sans flanc inverse et sans tête anticlinale, à la différence des précédentes.
En fonction de leur constitution, on sépare :
– Des nappes de socle, généralement de très grande importance régionale ; les plus célèbres sont les nappes austro-alpines inférieures formées d'une lame de socle cristallin recouvrant les Alpes occidentales qui passent dessous, en tunnel, à partir de la haute vallée du Rhin et réapparaissent dans les fenêtres de l'Engadine et des Hohe Tauern ; la portée de ces nappes dépasse 100 kilomètres et leur développement longitudinal correspond à l'ensemble des Alpes autrichiennes, qu'on appelle Alpes orientales par opposition aux Alpes occidentales ; la plus colossale est la « dalle du Tibet » formant le Haut-Himālaya qui chevauche le Bas-Himālaya et l'Inde selon un contact dit M.C.T. (Main Central Thrust) [cf. fig. 10].
– Des nappes de couverture, formées de terrains sédimentaires et souvent divisées en plusieurs diverticulations ; dans le domaine alpin, les plus remarquables sont constituées de flyschs, telle la nappe du Flysch à helminthoïdes dans les Alpes franco-italiennes à laquelle appartiennent la nappe de l'Ubaye et la nappe de Ligurie occidentale ; et les différentes nappes de flysch dans l'Apennin, les Carpates, l'Afrique du Nord.
D'une façon générale, les nappes de couverture sont largement développées dans les parties frontales des chaînes de montagnes, quel qu'en soit le type, alpin ou cordillérain. Dans la partie frontale de la Cordillère nord-américaine, dite Overthrust Belt (littéralement, ceinture charriée), l'association des plis et des chevauchements en un système de « rampes » et de « paliers » a fourni un modèle généralisable à l'ensemble des nappes de couverture (fig. 9).
Nappes de socle et nappes de couverture sont souvent intimement associées. Ainsi, dans les Alpes orientales (cf. alpes, fig. 8), par-dessus les nappes de socle dites « austro-alpines inférieures », existent des nappes de couverture dites « austro-alpines supérieures » dont l'accumulation, au front nord des précédentes, forme les célèbres Alpes calcaires septentrionales, au pied desquelles se retrouve un mince liséré de terrain appartenant aux Alpes occidentales (région de Salzbourg, Wienerwald, etc.).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
Classification
Médias
Autres références
-
ACIDES ROCHES
- Écrit par Jean-Paul CARRON
- 426 mots
En pétrographie, on qualifie de « roches acides » celles qui contiennent plus de 65 p. 100 en poids du constituant SiO2 (la silice). Comme les minéraux les plus siliceux — à l'exception bien entendu du quartz — sont les feldspaths alcalins, pour lesquels la teneur en SiO2 est précisément...
-
ANDÉSITES ET DIORITES
- Écrit par Jean-Paul CARRON , Encyclopædia Universalis , Maurice LELUBRE et René MAURY
- 2 066 mots
- 2 médias
C'est à l'abbé Haüy (Traité de géognosie de J. F. d'Aubuisson de Voisins, 1819), qui mettait ainsi l'accent sur la présence, dans ces roches plutoniques, de minéraux différant nettement les uns des autres par leur couleur, que les diorites doivent leur nom (du grec diorizô... -
ARGILES
- Écrit par Daniel BEAUFORT et Maurice PAGEL
- 2 654 mots
- 7 médias
Les argiles ont été utilisées très tôt dans l'histoire de l'humanité, après le silex et la pierre taillée. Ce matériau possède des propriétés plastiques particulières : facilement modelable, il peut être figé de façon irréversible, ce qui a permis les premières applications domestiques...
-
BASALTES ET GABBROS
- Écrit par Jean-Paul CARRON , Encyclopædia Universalis et René MAURY
- 3 670 mots
- 2 médias
Les basaltes et les gabbros sont des roches magmatiques dont la composition chimique est très voisine. Basaltes et gabbros sont en effet intimement liés géographiquement puisqu'ils représentent les constituants largement majoritaires de la croûte océanique (ou « plancher océanique »). Schématiquement,...
- Afficher les 50 références