ROCHES (Déformations) Failles
Géomorphologie : les escarpements de faille
Les failles peuvent s'exprimer dans le relief par des formes structurales appelées escarpements de faille, qui se caractérisent par leur commandement, leur regard, leur profil transversal et leur tracé. Le commandement est la distance verticale entre le sommet de l'escarpement et sa base ; il ne correspond pas nécessairement au rejet vertical de la faille. Le regard se définit par le sens vers lequel est tourné l'escarpement ; il n'est pas toujours identique à celui de la faille. Le profil transversal dérive du plan de faille plus ou moins modifié par l'érosion ; il coïncide parfois en partie avec le miroir de faille. Le tracé suit celui de la ligne de faille dans sa direction générale ; les sinuosités de détail proviennent de la dissection due aux organismes hydrographiques qui attaquent l'escarpement.
Types d'escarpements de faille
On distingue trois types fondamentaux d'escarpements de faille selon la nature de leurs rapports avec la structure.
L'escarpement de faille originel
Un escarpement de faille originel résulte directement de la dislocation créée par la faille. C'est une forme de relief tectonique dont les caractéristiques différent peu de celles de la faille.
D'une façon générale, le commandement est légèrement inférieur au rejet vertical, en raison d'une faible ablation faite aux dépens du bloc soulevé ; mais le regard correspond à celui de la faille. Le profil transversal représente le plan de faille retouché par l'érosion ; dans le cas d'une faille normale en roche homogène, sa pente, qui est celle d'équilibre des éboulis de gravité, n'excède pas 30 à 350, alors que l'inclinaison du plan de faille atteint souvent 600 degrés ; ce façonnement prend encore plus d'importance dans le cas d'une faille inverse, car le surplomb lié à l'accident s'éboule à mesure de son développement.
L'existence d'escarpements originels implique la jeunesse relative des failles correspondantes, une forte résistance des roches à l'érosion et une certaine impuissance de celle-ci du fait de conditions bioclimatiques défavorables. Aussi se localisent-ils surtout dans les champs de failles liés à l'orogenèse alpine, en roches calcaires et en milieux secs.
Dans cette perspective, il convient d'évoquer le cas exemplaire des champs de failles largement développés en marge des grandes ceintures orogéniques. On y collecte, en effet, de multiples preuves de l'existence de failles actives associées à une intense sismicité. L'un des plus remarquable, à cet égard, concerne la totalité de l' Asie centrale affectée par l'orogenèse himalayenne. Une tectonique de faille spectaculaire, toujours en cours de développement, accompagne l'intense compression exercée par le poinçonnement de la plaque eurasiatique par la plaque indienne. Celle qui marque l'intense surrection du plateau tibétain (Qinghai-Xizang), au cours du Quaternaire, est aujourd'hui mieux connue. De récentes expéditions scientifiques y ont relevé les effets du jeu de failles normales, de direction à peu près méridienne, sur la morphologie quaternaire et les tracés des réseaux hydrographiques, dans toute sa partie méridionale située dans la partie interne de l'arc himalayen. Ainsi, des escarpements de failles frais, découpés en facettes triangulaires, tranchent des vallées et des cônes d'éboulis. Des moraines latérales de vallées glaciaires suspendues témoignent de rejets verticaux de plusieurs centaines de mètres. On cite le cas d'un rejeu de près de 500 mètres en moins de 10 000 ans ! Des rejets cumulés de 1 200 à 1 700 mètres correspondent à une fracturation quaternaire qui s'est manifestée au cours de phases successives poursuit actuellement ; des ressauts de faille, ou [...]
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Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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