ROCHES (Formation) Pétrologie
Caractères généraux des roches
L'observation géologique montre l'existence de roches variées dans leur manière d'être, c'est-à-dire dans leurs conditions de formation, et cela a été reconnu dès le début du xixe siècle.
Les roches exogéniques prennent naissance à la surface de l'écorce terrestre. Certaines se forment sur place, par évolution des roches préexistantes sous l'action principale des agents atmosphériques : ce sont les roches résiduelles. Mais elles résultent en majorité d'un transport de matériaux issus de la dissolution ou de la désagrégation en surface des formations antérieures. Ces matériaux se déposent ensuite par gravité, précipitation chimique ou action des organismes en couches successives de « sédiments » qui évoluent eux-mêmes (diagenèse) pour donner les roches sédimentaires.
Les roches endogéniques se constituent à l'intérieur du globe. Les plus remarquables, comme les basaltes, sont issues de matières fondues éjectées en surface à partir du manteau supérieur ou de la base de la croûte lors des phénomènes volcaniques : ce sont les roches volcaniques. D'autres, comme les granites, ont cristallisé en profondeur et ne sont visibles que grâce à l'érosion consécutive à des déformations de l'écorce : ce sont les roches plutoniques. Toutes, volcaniques ou plutoniques, proviennent de la cristallisation de matières fondues, ou magmas, issues du manteau supérieur ou formées par fusion (anatexie) de l'écorce elle-même. Aussi groupe-t-on toutes ces roches, auxquelles il faut ajouter les roches filoniennes), en roches magmatiques. Enfin, les modifications en profondeur de toutes les catégories de roches sous l'action de facteurs comme la température, la pression, l'eau, les échanges de matière, etc., peuvent les transformer par recristallisations, caractérisant ainsi les roches métamorphiques.
En fait, l'écorce est en continuelle évolution. Dans le mouvement des plaques lithosphériques, les sédiments et les roches entraînés en profondeur subissent des transformations métamorphiques pouvant aller jusqu'à la fusion, avec formation de migmatites ou même individualisation de nouveaux magmas, puis retourner en surface suivant des cycles liés à l'orogenèse (fig. 1). Cependant, les roches conservent des traces des états antérieurs, dans leur composition ou leur organisation, comme une sorte de « mémoire » de leur vie passée, et c'est ce qui permet de déchiffrer une partie de leur histoire.
Les caractères essentiels des roches concernent leur composition (chimique et minéralogique) et leur architecture ; ils sont nécessairement en rapport avec les circonstances de leur formation et de leur évolution. Mais ils diffèrent selon l'échelle d'observation, parce que l'agencement de la matière change fondamentalement pour des niveaux d'organisation différents.
Les niveaux d'organisation correspondant à l'atome et au cristal ne sont pas du domaine de la pétrographie, bien que leur connaissance soit indispensable. C'est l'échantillon de roche qui constitue le niveau d'organisation essentiel et permet de définir des types pétrographiques, base des classifications. Une roche est alors un assemblage de minéraux auxquels peuvent d'ailleurs s'associer des restes organiques ou des fragments de roches ; cet assemblage est défini par sa composition d'ensemble et l'agencement de ses éléments ou texture à partir de l'étude microscopique de lames minces (cf. chap. 3), qui permet en outre de préciser les orientations préférentielles ou pétrofabrique.
À l'échelle de l'affleurement, les particularités minéralogiques et texturales ne sont plus guère perceptibles, mais de nouveaux caractères apparaissent, concernant déjà des ensembles et définissant la [...]
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Écrit par
- Maurice LELUBRE : professeur émérite à l'université de Toulouse-III-Paul-Sabatier
- Alain WEISBROD : ingénieur de l'École nationale supérieure de géologie appliquée (E.N.S.G.), professeur à l'E.N.S.G., Nancy
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