SALINES ROCHES
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Les dépôts salins paraliques
Les exemples récents ou actuels de dépôts salins liés au domaine océanique sont toujours limités à des zones restreintes situées en bordure des océans sous climat aride. Le déficit en eau douce est compensé par un apport continu d'eaux marines, et les dépôts correspondent en gros aux sels fournis par l'eau de mer. Le voisinage du continent peut néanmoins perturber les rapports volumiques entre sels déposés, car interviennent les décharges des tributaires qui importent des ions d'origine continentale. En bordure des bassins, les dépôts carbonatés s'organisent en associations complexes : outre la présence banale d'aragonite et de calcite, la dolomite est fréquente, mais aussi les carbonates magnésiens. Les apports de sulfates provoquent, dans des eaux sursalées, la formation de sels à composants multiples, par exemple la polyhalite qui, en général, remplace le gypse par épigenèse.
En fait, ces modèles actuels sont rares : sebkha côtières satellites du golfe Persique ou des côtes sud-orientales de la Méditerranée (sebkha el Melah de Zarzis en Tunisie), lagunes de la Californie mexicaine, Bocana de Virrila au Pérou, côtes de l'Australie.
Les grands gisements fossiles ne peuvent s'expliquer que par la dominance des apports d'eaux marines : seule l'étude paléogéographique de ces bassins permet d'imaginer les modèles théoriques de genèse.
Pour qu'un bassin paralique dépose des sels en grande quantité, deux conditions sont nécessaires :
– L'évaporation est supérieure aux apports d'eau par les pluies et par les fleuves tributaires du bassin, le déficit étant compensé par des apports d'eau salée à partir d'un océan voisin. C'est le fait d'un facteur essentiellement climatique.
– Les saumures sont piégées, au moins en partie, dans le bassin. Si des solutions peuvent migrer grâce à un courant de retour vers la mer ouverte, il faut que la quantité d'ions exportée soit inférieure au flux ionique superficiel venant de l'océan : la communication entre le bassin salin et la mer ouverte doit être restreinte. Ce facteur géométrique a conduit à la notion de barrière, seuil structural, ensemble de cordons littoraux, construction d'origine biologique comme un banc de récifs, ou de barrière dynamique lorsque le déficit en eau douce est suffisant pour que le flux compensateur interdise tout courant de retour.
Il apparaît alors que les conditions idéales seront réalisées sous climat aride par un bassin épicontinental faiblement ouvert sur l'océan voisin.
Une telle géométrie conduit à une dissymétrie obligatoire qui commande la nature des dépôts et leur répartition dans le bassin. Le schéma classique de L. L. Sloss (1953) permet de dégager les conditions de la sédimentation. En pleine mer, jusqu'au voisinage de la barrière, les dépôts sont marins avec des faunes normales de mer ouverte. Au niveau de la « barrière », du côté du bassin, des faciès pénésalins sont représentés par la précipitation des sels les moins solubles : c'est le domaine des carbonates (aragonite et dolomite) sous forme de sédiments fins, plus noirs vers le cœur du bassin. Au cœur même du bassin se placent les faciès salins, en général azoïques, avec du gypse et de la halite, et parfois des sels de potassium et de magnésium. Au voisinage du continent, les apports d'eaux douces et de sédiments détritiques donnent des faciès bordiers saumâtres ou pseudo-marins, les sédiments passant de formations deltaïques rouges à des argiles et à des carbonates, où une présence biologique peut se manifester par des espèces rares mais florissantes. Parfois, le drainage continental est très faible et les sels les plus solubles peuvent se déposer au voisinage même des rives. Ils sont alors discordants et souvent[...]
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Écrit par
- André JAUZEIN : professeur à la faculté des sciences de l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du laboratoire de géologie de l'École normale supérieure de Paris
- Jean-Pierre PERTHUISOT : professeur à l'université de Nantes
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Médias
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