SALINES ROCHES
Sédimentation saline et géologie historique
Les principales époques de la sédimentation des sels
Les dépôts salins sont distribués sur tout l'ensemble des temps géologiques, du Cambrien au Tertiaire, mais certaines époques se signalent par des formations beaucoup plus puissantes et beaucoup plus largement réparties. Les conditions optimales se réalisent au Cambrien, au Dévonien moyen, au Carbonifère moyen, au Permien et au Trias, au Jurassique supérieur et au Néocomien, de l'Éocène supérieur au Miocène. A. Meyerhoff (1970) remarque que ces épisodes alternent avec des périodes froides : glaciations éocambrienne, éosilurienne, carbonifère et quaternaire, refroidissement du Crétacé supérieur-Paléocène. Ils correspondent aussi à des périodes postorogéniques où des mers épicontinentales en transgression recouvrent des plates-formes. Il y aurait là une coïncidence favorable entre les deux facteurs géométrique et climatique nécessaires à la genèse des grandes séries salines.
Signification paléoclimatique et paléogéographique des roches salines
La présence de roches salines indique l'existence d'un déficit en eau douce pendant le temps du dépôt et pendant une période plus ou moins longue précédant le dépôt, mais il n'est pas nécessaire que ce déficit soit considérable, et un climat franchement aride n'est pas obligatoire.
L'interprétation des séquences continentales est difficile, mais il est clair que les séries d'origine marine ne se forment que dans des bassins dont les communications avec la mer ouverte sont restreintes, sous un climat permettant un déficit sensible en eau douce. Pour la plupart des auteurs, cela semble indiquer une distribution climatique zonale de ces bassins. Or, à l'époque actuelle, il n'existe pas une symétrie parfaite des pays les plus secs de part et d'autre de l'équateur : dans l'Atlantique, le déficit atteint 150 cm/an entre 150 et 250 nord, 50 et 150 sud. C'est donc avec une extrême prudence qu'on utilisera les dépôts salins comme index éventuel de la position des pôles à une époque donnée, bien que leur répartition s'accorde globalement avec les idées actuelles sur la dérive des continents.
Une séquence saline ne peut pas être utilisée comme critère bathymétrique au moment du dépôt, car rien n'exclut la possibilité d'une précipitation chimique dans une mer profonde : c'est ainsi que, si la géométrie du détroit de Gibraltar interdisait le courant de retour vers l'Atlantique, le déficit chronique en eau de la Méditerranée permettrait d'atteindre le dépôt généralisé du gypse en moins de 25 000 ans. D'ailleurs, l'estimation des vitesses de sédimentation des sels fournit des valeurs de 1 à 10 cm/an, beaucoup plus grandes que celles de la subsidence (0,1 à 2 mm/an), ce qui a conduit certains auteurs à penser que les séries salines épaisses n'ont pu se déposer que dans des bassins suffisamment profonds (800 à 900 m pour la mer de Zechstein).
Enfin, la plupart des grandes séries connues correspondent à un envahissement de surfaces plus ou moins aplanies par une mer épicontinentale. Il n'est donc plus possible, en tenant compte des informations récentes, de considérer que les séquences salines soient des faciès régressifs.
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Écrit par
- André JAUZEIN : professeur à la faculté des sciences de l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du laboratoire de géologie de l'École normale supérieure de Paris
- Jean-Pierre PERTHUISOT : professeur à l'université de Nantes
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