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ROCK, ROCKABILLY ET RHYTHM AND BLUES

Au cours des années 1950, le rhythm 'n' blues naît des apports du blues et du rock 'n' roll. Cette musique est alors exclusivement noire. Dans le même temps, en adaptant le blues des Noirs américains, de jeunes Blancs créent deux nouveaux styles, le rockabilly puis le rock 'n' roll, et connaissent un succès considérable.

Dans les années 1950, aux États-Unis, les jeunes, libérés de la guerre, veulent s'amuser. Et les Noirs en ont assez du vieux blues, qu'ils jugent pleurnichard. C'est alors que toute une génération de musiciens arrive, portée par le sens du rythme et de la fête. Le courant jazz et ses grands orchestres accélèrent le tempo ; on peut citer comme exemple la formation de Count Basie, qui engage un « blues shouter » (crieur de blues), Jimmy Rushing, pour de grandes envolées swing. Le blues suit le mouvement, en gardant sa propre structure harmonique mais en intégrant un zeste de boogie-woogie et les cuivres du jazz ; on lui trouve un nom, le rhythm and blues, une dénomination qui englobe toute la production noire d'après guerre et, surtout, qui remplace l'infamante expression raciste utilisée durant les années 1920, le « race record » (enregistrement ethnique). Sur la côte ouest, les bases navales américaines résonnent du piano flamboyant d'Amos Milburn, un ancien soldat démobilisé, et le saxophoniste Louis Jordan sait mieux que personne mener un orchestre de cuivres ; avec ses classiques de danse (Caldonia, Choo Choo Ch'Boogie), il contribue fortement à la naissance du rock.

En 1951, le pianiste et guitariste Ike Turner lâche une bombe, Rocket 88, classé à l'époque rhythm and blues mais considéré aujourd'hui comme le premier rock. Mais Ike Turner est un Noir et les historiens préféreront voir dans un Blanc bien comme il faut, Bill Haley, le véritable inventeur de la nouvelle musique ; en avril 1952, influencé par le rhythm and blues (Ruth Brown, Big Joe Turner...), cet ancien chanteur country sort Rockin' The Joint, qui associe le hillbilly, la musique des petits Blancs de la campagne, aux vertus du rythme noir. Il vient de lancer, sans le savoir, ce qu'on appellera le rockabilly, dont les grandes figures seront Gene Vincent, l'auteur de Be-Bop-A-Lula, et son alter ego, Eddie Cochran. En 1955, Haley connaît un succès énorme avec Rock around the Clock, qui enflammera, pendant plusieurs décennies, les surprises-parties.

Mais c'est un autre jeune homme qui va vraiment lancer le rock. Sam Phillips, le patron de la firme discographique Sun Records, l'avait prédit : « Si je trouve un Blanc qui chante comme un Noir, je ferai fortune. » Elvis Presley entre alors en scène et stupéfie l'Amérique tout entière avec l'adaptation d'un blues, That's All Right (Mama) (1954). Il ne compose pas mais ce grand chanteur blanc métissé et doté d'une sensualité noire devient la star immense de la nouvelle musique, balayant du même coup les a priori de la société puritaine des années 1950. Elvis, le « King », fait passer la musique du rockabilly au vrai rock and roll.

— Stéphane KŒCHLIN

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