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ROCOCO

La sculpture

La France

On désigne par le terme de rococo le courant qui domine la sculpture française de la dernière période du style de Versailles à la veille de la Révolution, où il finit, à l'issue d'un long conflit, par céder la place au néo-classicisme et à l'historicisme. À la différence de la peinture, marquée par la brutale irruption de la manière de Watteau, l'évolution en sculpture s'effectue de façon progressive, les dernières réalisations accomplies sous Louis XIV aboutissant au style Régence, phase inaugurale du rococo. Des sculpteurs importants à cheval sur les deux siècles, comme Antoine Coysevox et les deux Coustou, s'ils témoignent d'attitudes nouvelles face à la nature et à la tradition, notamment dans la sculpture de jardin à Marly et au Grand Trianon, n'apportent pas, toutefois, cette différence radicale qu'introduisit le baroque d'un Puget. Peut-être est-il légitime de considérer comme une unité la riche production du style de Versailles, et de ne situer l'avènement véritable du rococo qu'aux environs de 1730 ; il demeure que, étant admise l'homogénéité essentielle de l'école de Versailles, on peut voir dans les ultimes manifestations de cette école les sources de la sculpture française duxviiie siècle, sources d'où découlèrent des créations individuelles autrement plus variées qu'elles ne le furent sous Louis XIV.

Salon de la Guerre, Versailles - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Salon de la Guerre, Versailles

Statue de Louis XV en Jupiter, N. Coustou - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Statue de Louis XV en Jupiter, N. Coustou

Comparée à une œuvre antérieure, comme le Printemps, de Magnier l'Ancien (commandée en 1674), à la grâce mesurée et à l'équilibre impersonnel, une statue de la dernière époque de Versailles, telle l'Aurore descendant d'un nuage, de Magnier le Jeune (signée et datée de 1704), s'en distingue par un mouvement plus fluide et une occupation plus souple de l'espace. On peut approcher de même une des fontaines des Saisons (1672-1676), dans le parc du château, et la fontaine des Nymphes (1703), dans le jardin des Marronniers, au Grand Trianon : celle-ci se définit par des formes qui restent encore massives, mais le mouvement a plus de verve, les attitudes semblent être plus spontanées et plus vives. On relève aussi, dans l'ensemble des trois statues de marbre exécutées pour Marly (vers 1709-1710) par Coysevox, une atmosphère originale et un nouveau mode de groupement. Il représenterait, selon Dezallier d'Argenville, Flore et une nymphe des bois écoutant un faune jouer de la flûte ; derrière lui, un petit satyre met malicieusement le doigt sur ses lèvres ; la nymphe se tourne pour capter la mélodie, protégeant son oreille, d'une main levée, contre les bruits discordants. C'est donc le jeu ou l'écoute de la musique sylvestre qui unifient les attitudes des personnages, relation mouvante qui donne à l'action son cachet pastoral et désinvolte, aux dépens d'une signification dramatique ou intellectuelle ; ce qui n'empêche pas d'Argenville de voir dans le faune un symbole du paysan vigoureux qui peuple les forêts et les champs. On pourrait reconnaître un équivalent pictural de cette œuvre dans la composition de Louis Boulogne le Jeune, Diane et ses Nymphes (1707, Tours). Lorsque Coysevox représente Marie Adélaïde, duchesse de Bourgogne, sous l'aspect de Diane (1710, Louvre), il ne supprime nullement, à l'identifier à la déesse de la chasse, sa piquante individualité. Et dans le Saint François Xavier (1723, Saint-Germain-des-Prés) sculpté par Coustou, le geste éloquent du missionnaire prêchant la Croix emporte le surplis dans des rythmes mouvementés, sans nuire pour autant à l'aspect massif du personnage. Dans La Religion de Jacques Bousseau, exécutée pour le vestibule de la chapelle de Versailles (vers 1730), le mouvement du drapé, avec le rythme nerveux des plis flottants, et l'élégance des proportions sont d'un effet frappant. La même[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris
  • : professeur à l'université de Chicago
  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Médias

Intérieur de l'église d'Ottobeuren - crédits :  Bridgeman Images

Intérieur de l'église d'Ottobeuren

Eglise de pèlerinage de la Wies - crédits :  Bridgeman Images

Eglise de pèlerinage de la Wies

<it>Renaud et Armide surpris par Charles et Ubald</it>, G. Tiepolo - crédits : Cameraphoto/ AKG-images

Renaud et Armide surpris par Charles et Ubald, G. Tiepolo

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