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ROCOCO

L'architecture

Les deux premiers tiers du xviiie siècle permettent-ils d'observer, en architecture, des phénomènes que l'on puisse mettre en parallèle avec ceux que l'on a notés dans les domaines des arts décoratifs, de la peinture et de la sculpture ? La rocaille est un système de décoration qui ne paraît pas impliquer un parti architectural déterminé ; il faut se demander si l'on voit se manifester dans les constructions mêmes, plans et élévations, des formules spéciales.

L'architecture française après 1700 se caractérise par un premier trait, souvent noté, qui est l'abandon des grands partis majestueux. Cela est dû d'abord au caractère des commandes. Versailles une fois achevé, la monarchie n'ouvre plus de chantiers comparables en importance. La principale activité des architectes consiste alors à élever des hôtels pour la noblesse de cour, qui n'est plus aussi impérieusement attachée à Versailles que sous Louis XIV. Le faubourg Saint-Germain devient le quartier aristocratique. La transformation la plus notable est celle des plans. On a maintes fois souligné comment, au sens de l'apparat, se substitue celui de la commodité. La distribution des appartements devient donc le problème essentiel, et les architectes français du xviiie siècle le résolurent avec une ingéniosité qui fit leur gloire dans toute l'Europe. Les grandes enfilades de pièces qui se commandent mutuellement, en rendant malaisée la circulation intérieure et presque impossible le chauffage, disparaissent. On s'ingénie au contraire à ménager des appartements indépendants et à multiplier les dégagements. Les galeries disparaissent aussi et la principale pièce de réception devient le grand salon, généralement disposé au centre de la composition, sur le jardin. Le format des pièces diminue et, à Versailles même, les principaux travaux exécutés sous Louis XV consistent à aménager de petits appartements. Du coup, le lien entre la transformation des plans et celle du décor apparaît nettement. Dans des pièces plus petites, conçues d'abord pour l'agrément, l'usage des lambris de bois et des panneaux à échelle réduite a l'avantage de donner plus de chaleur et d'intimité que les ordonnances à pilastres.

Il est curieux de constater que l'un des traits dominants de la période est l'allégement du décor extérieur. La façade sur les jardins de l'hôtel Matignon, commencé par Jean Courtonne en 1721, est caractéristique : les ordres ont disparu, les pavillons d'angle sont peu accentués, seul le ressaut polygonal du centre vient donner une articulation nette au corps médian ; de simples chaînages soulignent les angles, les fenêtres n'ont plus de fronton et apparaissent comme de simples ouvertures dans le mur qui se déploie harmonieusement dans une continuité soulignée par la corniche et la balustrade qui la surmonte. Au pavillon d'Amalienburg, dont l'intérieur offre un décor si luxuriant, les façades sont au contraire fort sobres. Même quand les ordres sont utilisés, ce n'est guère que sous la forme de pilastres en très légère saillie qui agrémentent la surface du mur sans créer une véritable scansion : il en est ainsi au Belvédère supérieur, élevé en 1721-1722 par Johann Lucas von Hildebrandt. Les toits plats perdent de la faveur et les architectes s'ingénient au contraire à tirer parti des hautes toitures auxquelles, surtout en Europe centrale, ils se plaisent à donner des formes variées et capricieuses, comme Balthazar Neumann à Wernec.

La manière de traiter les espaces accuse des particularités sensibles. Les architectes marquent une préférence nette pour les pièces ovales ou polygonales ; des salons comme ceux de l'hôtel Soubise ou de l'Amalienburg en fournissent des exemples frappants, mais cette tendance se manifeste aussi dans[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris
  • : professeur à l'université de Chicago
  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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Médias

Intérieur de l'église d'Ottobeuren - crédits :  Bridgeman Images

Intérieur de l'église d'Ottobeuren

Eglise de pèlerinage de la Wies - crédits :  Bridgeman Images

Eglise de pèlerinage de la Wies

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Renaud et Armide surpris par Charles et Ubald, G. Tiepolo

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