RODIN. L'EXPOSITION DU CENTENAIRE (exposition)
L’exposition qui a occupé le Grand Palais pendant plus de quatre mois, du 22 mars au 31 juillet 2017, a proposé – plus qu’un simple hommage rétrospectif – une célébration de la sculpture contemporaine, dans son énergie et dans sa puissance expressive.
Un ogre de la sculpture
La mort de Rodin, le 17 novembre 1917, à l’âge de soixante-dix-sept ans, marque la fin d’une domination inégalée sur le monde de la sculpture internationale. Le maître de Meudon est devenu depuis le triomphe de son exposition au pavillon de l’Alma en 1900, à l’écart de l’Exposition universelle, l’artiste le plus célèbre de Paris, d’Europe, et donc du monde.
Cette gloire qui avait éclipsé la sculpture de son temps, L’exposition du centenaire a permis d’en prendre la mesure en rassemblant de multiples chefs-d’œuvre, mais elle a surtout révélé le rayonnement de son inventivité jusque dans l’art moderne et contemporain. Elle a également fourni l’occasion de mettre en lumière toute une pléiade de sculpteurs qui, pour les moins originaux, ont été avant tout influencés par Rodin, tandis que d’autres ont ouvert ou suivi des chemins de traverse singuliers et porteurs de nouveautés. L’exposition rassemblait donc cent soixante-neuf dessins, photographies, modelages, pierres ou bronzes de Rodin ainsi qu’un nombre quasiment égal (cent soixante-deux) d’œuvres d’environ quatre-vingts artistes, qui ont cru possible, depuis un siècle, d’inventer à l’ombre de Rodin ou de se mesurer à l’éclat de sa force créatrice, au risque pour certains de s’en trouver foudroyés.
En ouverture, on découvrait le monumental Volk Ding Zero (Chose populaire zéro, 2009) du sculpteur allemand Georg Baselitz, version en bronze haute de trois mètres d’un bois violemment peint en bleu et blanc. L’œuvre entrait en confrontation avec une version du Penseur de près de deux mètres de haut. Cette figure de Dante conçue à la fin du xixe siècle pour couronner la monumentalePorte de l’Enferest devenue, au fil du processus sculptural de Rodin, une sculpture autonome. Dans cet hommage en forme de dialogue ironique, Baselitz révélait un des leitmotiv de l’exposition : si le fantôme de Rodin ne cesse de hanter la sculpture contemporaine, on doit réussir à « oublier Rodin » si on veut faire œuvre originale, ce qui est tout aussi vrai au début du xxie siècle qu’en 1910 –même si ce n’est pas le cas de certains artistes invités, parfois convenus dans l’admiration, voire l’imitation, du maître.
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Écrit par
- Paul-Louis RINUY : professeur d'histoire et de théorie de l'art contemporain, université de Paris VIII
Classification
Média