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MALINOVSKI RODION IAKOVLEVITCH (1898-1967) maréchal soviétique

Fils d'ouvrier, engagé à dix-sept ans dans les armées de Nicolas II, Malinovski fait preuve d'une grande bravoure et reçoit la croix de Saint-Georges en 1916. En 1917, il est transféré sur le front français, en Champagne ; il s'y montre excellent soldat (mitrailleur). Après la dissolution des unités russes, il fait un court séjour dans la Légion étrangère. Rentrant en Russie par Vladivostok en 1918, il rejoint l'Armée rouge et participe à la guerre civile ; il connaît alors une rapide promotion et opte pour la carrière militaire. Membre du Parti bolchevique depuis 1926, il est diplômé de l'académie militaire Frounzé en 1930. Officier supérieur, il est élu au Soviet suprême, fonction qu'il conservera jusqu'à sa mort. En 1939, il commande un corps d'armée en Bessarabie. L'entêtement de Staline qui ne croyait pas à une attaque allemande l'empêche de concentrer ses troupes à temps ; à la dernière minute, dans la nuit du 21 juin 1941, il reçoit l'ordre de proclamer l'état d'alerte, sans pour autant avoir le droit d'ouvrir le feu. Le général Malinovski s'incline à contre-cœur devant les civils et le généralissime Staline (cf. ses souvenirs dans Voenno-Istoričeskij Žurnal, 1961), tout en s'illustrant comme stratège lors de la défense de Dniepropetrovsk. Commandant d'armée à Stalingrad, où il brise la contre-offensive allemande, il dirige ensuite le front sud, puis le front sud-ouest. C'est à ce titre qu'il participe, en 1943, à la libération du Donbass et de l'Ukraine méridionale. Commandant du deuxième, puis du troisième front ukrainien, il organise l'opération Iassi-Kichinev, lançant ses armées de Moldavie en Roumanie, libérant Odessa, sa ville natale, et une partie de la Crimée (1944). Il signe le 31 août l'armistice avec la Roumanie ; à cette occasion, Staline le fait maréchal. Il conduira en 1945 le siège de Budapest, puis celui de Vienne (13 avr.). Enfin, en tant que commandant du front au-delà du Baïkal, il détruit en août l'armée japonaise du Guangdong.

Malgré son énorme prestige ou plutôt à cause de lui, il disparaît, ainsi que tous ses pairs, les « nouveaux » maréchaux, des colonnes des journaux et du premier rang lors des réunions solennelles. Staline confisque la gloire à son seul profit, et Malinovski, qui n'est nommé candidat au comité central qu'en 1952, se voit relégué à son poste de commandement en Extrême-Orient. Après la mort de Staline et la chute de Malenkov et de Molotov, il effectue sa rentrée politique tout en sachant se cantonner dans sa spécialité. Entré au comité central en 1954, il devient vice-ministre de la Défense grâce à Khrouchtchev et à Joukov. En 1957, il remplace ce dernier à la tête du ministère.

Deux fois héros de l'Union soviétique, décoré de l'ordre de la Victoire et de cinq ordres de Lénine, il représente le type même de l'officier supérieur dévoué au pouvoir central et s'abstenant de participer aux luttes de factions. Il écrit peu, préférant garder ses secrets. Il conserve son portefeuille ministériel après la chute de Khrouchtchev et meurt dans l'exercice de ses fonctions.

— Vladimir Claude FISERA

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, diplômé de l'École nationale des langues orientales, chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études

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