APÉRY ROGER (1916-1994)
Né le 14 novembre 1916 à Rouen, Roger Apéry est le fils unique d'un ingénieur grec, qui a émigré en France en 1903. Il passe son enfance à Lille puis à Paris, dans un pauvre appartement du quartier de la Goutte d'Or. Victime de la crise économique de 1929, son père avait dû accepter un modeste poste de gardien au ministère des Anciens Combattants. Passionné d'histoire et de mathématiques, Roger Apéry entre, après de brillantes études, à l'École normale supérieure en 1936. Mobilisé en septembre 1939, prisonnier de guerre en juin 1940, il est atteint de pleurésie et rapatrié en juin 1941. Assistant d'Élie Cartan (1869-1951) à la Sorbonne en 1943, il soutient en 1947 sa thèse en géométrie algébrique sous la direction de Paul Dubreil et de René Garnier, et y développe la notion de liaison entre des variétés algébriques. Il est nommé cette même année maître de conférences à l'université de Rennes, puis devient professeur à Caen en 1949. Il aborde pendant les années 1950 le domaine des équations diophantiennes et démontre que l'équation x2 + A = pn, où A est un entier positif et p un nombre premier, a au plus deux solutions (le cas p = 2, A = 7 faisant exception). En 1977, il démontre l'irrationalité du nombre z (3) en utilisant un critère original de rapidité de convergence de séries numériques. Actif au sein du Parti radical jusqu'en 1969, résistant pendant la Seconde Guerre mondiale puis militant antigaulliste par esprit républicain, Apéry allie un engagement politique rebelle à toute orthodoxie, à une pratique mathématique individualiste. Intuitionniste par conviction philosophique, il refuse de rejoindre le groupe Bourbaki dont l'idéal formaliste lui paraît contraire à la pratique mathématique. Atteint dès 1977 par la maladie de Parkinson, il voit peu à peu ses facultés diminuer et meurt le 18 décembre 1994 à Caen.
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Écrit par
- Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau
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