BUVAT ROGER (1914-2001)
Biologiste, spécialiste de cytologie végétale, Roger Buvat, né à Puteaux le 9 août 1914, est décédé à Marseille le 28 janvier 2001. Ancien élève de l'École normale supérieure, il fut agrégé-préparateur, assistant à la Sorbonne, professeur titulaire (1956) détaché à l'E.N.S., puis professeur à Luminy (Marseille) où il termina sa carrière. Il dirigea tout d'abord le laboratoire de botanique de l'E.N.S. puis, dès 1964, devint directeur de l'Institut de cytologie et de biologie cellulaire à Luminy.
Le nom de Buvat restera attaché à l'examen cytologique en microscopie photonique et électronique. Il fit connaître les lois générales qui permettent aux cellules végétales, parvenues à maturité, de reprendre une activité mitotique et de recouvrer un état de jeunesse avec toutes les caractéristiques qui s'y attachent. Il montra que ce processus, la « dédifférenciation », progresse toujours en deux phases distinctes. La première phase conduit les cellules en régression à un état « méristématique secondaire », la seconde les ramène à l'état « méristématique primaire ». Buvat établit que ces états traduisent les potentialités cellulaires : pouvoir histogène pour les cellules « méristématiques secondaires », pouvoir organogène pour les cellules « méristématiques primaires ». Il fit des organites cellulaires des marqueurs indiquant, par leur aspect, ces mêmes potentialités.
Roger Buvat donna une réalité cytologique aux hypothèses de Lucien Plantefol sur le méristème caulinaire qui se situe – à l'extrémité des tiges – au sein des bourgeons. Il montra que l'état le plus « dédifférencié » est acquis dans une région latérale, située à la base du méristème caulinaire végétatif, et matérialisant l'« anneau initial » de Plantefol. Les cellules axiales, les plus apicales, lui apparurent moins méristématiques. Au cours du passage à l'état reproducteur, il nota un changement cytologique considérable au niveau des cellules apicales axiales reprenant alors une activité soudaine et intense. Durant la phase végétative, pour la région apicale axiale, il proposa le nom de « méristème d'attente ». Il défendit un modèle de construction de la tige avec deux unités ontogéniques distinctes : la moelle issue du méristème médullaire, lui-même situé sous la zone apicale axiale, et tous les autres tissus provenant de la zone latérale du méristème. Ces conceptions induisirent un important courant de travaux tant en France qu'à l'étranger. Buvat fit aussi connaître les variations saisonnières du fonctionnement cambial, initiant des recherches nouvelles.
Dès 1957, les travaux de Buvat en microscopie électronique bouleversèrent la vision de l'organisation cellulaire végétale. Il découvrit les dictyosomes des plantes, établit la fonction sécrétoire des vésicules dictyosomales, retrouva le réticulum endoplasmique sous des formes semblables à celles qu'il revêt dans la cellule animale, montra que le plasmalemme passe, sans discontinuité, d'une cellule à sa voisine, en tapissant les plasmodesmes où les cytoplasmes des cellules contiguës sont en continuité. Il s'intéressa à la différenciation des cellules conductrices comme lieux d'échange avec l'environnement cellulaire et lieux de transport.
À Luminy, les techniques biochimiques, les plus avancées de l'époque, furent associées aux examens ultrastructuraux. Des données originales furent acquises sur l'origine de l'appareil vacuolaire, la polarisation structurale et biochimique de l'appareil de Golgi, les voies de l'hétérophagie, la diversité des processus d'autophagie et des activités lytiques des plantes, les nodosités des légumineuses, les aspects ultrastructuraux et fonctionnels des plastes des algues.
Buvat,[...]
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Écrit par
- Arlette NOUGARÈDE : professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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