COUSINET ROGER (1881-1973)
Deux ordres d'influences ou d'expériences paraissent avoir marqué l'œuvre de ce pionnier de l'éducation nouvelle. D'une part, Roger Cousinet participe, au début du siècle, aux activités de la Société pour l'étude psychologique de l'enfant, animée par Alfred Binet. D'autre part, il prépare, sous la direction de Durkheim, une thèse sur la vie sociale des enfants. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, il exerce successivement les fonctions d'instituteur et d'inspecteur de l'enseignement primaire, tout en expérimentant sa méthode de travail libre par groupes (Le Travail libre par groupes, 1921) et en animant une revue, La Nouvelle Éducation (1922-1939). Au terme de cette période, vouée à l'observation et à la réflexion, il enseigne la pédagogie à la Sorbonne (1945-1958), publie une dizaine d'ouvrages (notamment L'Enseignement de l'histoire et l'éducation nouvelle, 1950 et Pédagogie de l'apprentissage, 1959) et fonde deux revues, L'École nouvelle française (1945) et Éducation et développement (1964).
L'œuvre de Cousinet reflète et développe les grands principes de l'éducation nouvelle : exaltation des valeurs d'initiative, d'autonomie, d'activité, respect des besoins de l'enfant. Elle embrasse les différents domaines de l'activité pédagogique : organisation du milieu éducatif, didactique de l'histoire et de la grammaire, formation des maîtres et des parents. À travers ces différents thèmes s'affirment la vigueur, l'originalité et l'actualité de ses propos concernant, par exemple, la nécessité d'apprendre à apprendre, le souci d'une formation culturelle ou le danger de l'illusion pédagogique qui conduit à penser que « les bons élèves sont faits par le maître et les mauvais par eux-mêmes ».
Mais c'est la méthode de travail libre par groupes qui paraît le mieux caractériser l'apport de Cousinet. Cette méthode répond au besoin de l'enfant d'agir socialement et conduit à supprimer l'opposition entre la vie de la classe et la vie de la cour. Elle doit permettre, en outre, de surmonter les difficultés de la transmission des connaissances et de résoudre le problème de la discipline. Ajoutons que c'est l'épanouissement individuel qui, en dernière analyse, est visé par les activités de groupe. La méthode préconisée par Cousinet préfigure ainsi l'une des tendances les plus modernes de la pédagogie nouvelle. Elle trouve enfin, dans les modalités récentes de l'organisation de la vie scolaire (tiers temps pédagogique), des possibilités d'application et de développement.
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Écrit par
- Antoine LÉON : professeur à l'université de Paris-V
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