DIENER ROGER (1950- )
Fils de l'architecte suisse Markus Diener (1918-1999), Roger Diener (né en 1950 à Bâle) fait ses études à l'École polytechnique de Zurich au début des années 1970, au moment où y enseignent des praticiens de renom tels qu'Aldo Rossi et Luigi Snozzi. Diplômé en 1976, il s'associe avec son père, dont l'agence Diener & Diener créée en 1942, riche de trente années d'expérience, constitue l'un des bureaux d'architecture les plus compétents de Bâle. Auteur de nombreux ensembles de logements (immeubles, maisons, tours d'habitation), de bureaux, de magasins, de salles de cinéma, Markus Diener a contribué, par ses œuvres sobres et classiques, à l'identité moderne de la ville de Bâle.
Dans l'agence de son père, Roger Diener assure d'abord la responsabilité d'un petit nombre de projets, puis, avec la collaboration de Wolfgang Schett et de Dieter Righetti (et, à partir de 1985, de Jens Erb), il prend en charge la totalité des commandes. Ainsi s'opère, en douceur, le relais des générations. La jeune équipe s'attache d'abord à recenser ses outils de conception : raisonnement, prise de décision collective et contrôle absolu des moyens de représentation. Chaque fois que le programme le permet, elle a recours à des typologies architecturales confirmées. Son attitude envers la ville est bienveillante et dépasse les préjugés sur la beauté ou la laideur des tissus urbains à traiter. La rationalité, la discrétion et la banalité deviennent les valeurs essentielles du travail de projet. Décrire, agencer, rendre lisible, tels sont les mots clés de cette première période. Attentif à la tradition rationaliste bâloise, marquée par les œuvres de Karl Moser, d'Otto Rudolf Salvisberg, de Hans Bernouilli, d'Hannes Meyer et des architectes fonctionnalistes de l'entre-deux-guerres et des années 1950, l'atelier Diener porte un regard nouveau sur la ville et sur les moyens de la compléter.
Ses premiers projets, les opérations de logements de la Hammerstrasse (1981) et du Riehenring (1985), sont immédiatement perçus comme des démonstrations. Alors que, un peu partout en Europe, les jeunes architectes s'investissent dans la recherche nostalgique d'un formalisme urbain, Roger Diener propose une méthodologie simple, permettant une approche ordonnée de la complexité de la ville, couvrant l'ensemble du processus de conception. La hiérarchisation des échelles, la prise en compte des usages quotidiens et du statut symbolique des espaces, l'articulation claire des matériaux, la qualité constructive, l'élégance des détails, le respect des conventions (socle, traitement des angles, couronnement) confèrent à ces réalisations le statut de modèle. Roger Diener est invité à enseigner dans différentes écoles d'architecture, en Suisse, en France, en Autriche, aux Pays-Bas, au Danemark et aux États-Unis. Avec Jacques Herzog, Marcel Meili et Pierre de Meuron, il fonde Studio Basel en 1999, un institut dans lequel il enseigne.
Vers le milieu des années 1980, sous la pression de la commande, qui réduit la taille des opérations, l'atelier recentre ses recherches sur une entité spécifique : l'immeuble. Lieu ambigu, où s'interpénètrent les exigences de l'architecture et de la ville, l'immeuble est traité, simultanément, comme un « objet » et comme un « paysage ». C'est ce que montrent, en particulier, les édifices construits, à Bâle, au carrefour du Johannsring et de la Missionstrasse (1985), à l'Allswillerstrasse (1986) et à Saint-Alban-Tal (1986). On observe, dans toutes ces réalisations, un nouveau mode de composition par « tranches », qui permet d'établir un certain équilibre entre la distribution intérieure et le contexte urbain. Dans les opérations suivantes, également situées à Bâle – immeuble de la Hochstrasse (1988), immeuble du Steinentorberg (1990), immeuble de la[...]
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Écrit par
- Joseph ABRAM : architecte, professeur à l'École nationale supérieure d'architecture de Nancy, chercheur au Laboratoire d'histoire de l'architecture contemporaine
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