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ROGER MARSTON (mort en 1303)

Franciscain, disciple de saint Bonaventure et de Jean Peckham, farouche défenseur de l'augustinisme contre saint Thomas d'Aquin. Roger Marston fit ses études à Paris, en 1270 environ, et enseigna à Oxford, puis à Cambridge. De 1292 à 1298, il fut ministre de la province franciscaine d'Angleterre. On a de lui, outre un De anima, des Quaestiones disputatae et des Quodlibeta qui ont été édités en 1883 avec des textes de Bonaventure sur la connaissance humaine. C'est, en effet, à propos de cette question et du thème de l'illumination divine que Roger Marston s'attaque au thomisme.

Il reprend, dans une perspective qu'il veut authentiquement augustinienne, le problème de l'intellect agent tel que saint Thomas l'a posé à partir de la terminologie aristotélicienne. Roger reproche, en particulier, à celui-ci d'avoir dénaturé Augustin en cherchant à le concilier avec le Stagirite : « Certains, enivrés du nectar philosophique, nient que l'intellect agent soit la lumière première et détournent en leur sens toutes les citations d'Augustin sur la lumière immuable et les vérités éternelles. »

L'intellect agent, pour le franciscain, peut, certes, être conçu comme une partie de l'âme en tant qu'il illumine — mais incomplètement — l'intellect possible ; cependant, en tant qu'il l'illumine « complètement et principalement, c'est Dieu lui-même [...], la lumière incréée dans laquelle nous percevons toutes les vérités que nous voyons avec certitude ». D'une part, Roger Marston fait du Dieu illuminateur d'Augustin la substance séparée illuminatrice qu'Aristote appelle l'intellect agent. D'autre part, il assigne à celui-ci un rôle qui ne concerne plus l'abstraction, mais la certitude. Ayant lu Aristote à travers d'autres interprètes que ceux que fréquentait Thomas d'Aquin, Roger, qui cite souvent Avicenne et al-Fārābī, se rattacherait, par là, au courant qu'on a appelé l'augustinisme avicennisant.

Enfin, quand il réfléchit sur l'activité de l'esprit et sur les conditions de la certitude, l'ancien professeur d'Oxford, université où l'on s'intéressait beaucoup à la géométrie, donne une priorité aux mathématiques par rapport à la physique : elles donnent, selon lui, une plus grande certitude, en ce qu'elles font abstraction du mouvement naturel.

— Denis COUTAGNE

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