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MARTIN DU GARD ROGER (1881-1958)

Roger Martin du Gard - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Roger Martin du Gard

Martin du Gard occupe dans l'histoire du roman français de la première moitié du siècle une place importante, et assez particulière dans la mesure où, plus traditionnelle que novatrice, son œuvre a intéressé l'avant-garde littéraire en même temps qu'elle a touché le grand public. Partageant avec quelques autres entreprises romanesques la faveur des lecteurs qui cherchent à retrouver leurs habitudes, consacrée par le prix Nobel en 1937, elle a pourtant été adoptée dès le départ par les milieux de La Nouvelle Revue française, principale force novatrice de l'époque. La critique contemporaine a souvent conclu à l'anachronisme, donc à la sous-estimation de l'œuvre, et, avec une modestie surprenante, l'auteur lui-même s'est trouvé tenté de ratifier ce jugement. Cependant, dans la Bibliothèque de la Pléiade, où il est un des rares représentants de cette tradition romanesque tardive à figurer, le préfacier, qui est Albert Camus, ne craint pas de dire qu'au moment où Roger Martin du Gard commence à écrire, au début du siècle, « il est peut-être le seul (et, dans un sens, plus que Gide ou Valéry) à annoncer la littérature d'aujourd'hui », pour conclure : il est « notre perpétuel contemporain ».

Une vie d'écrivain

L'œuvre a été la grande affaire de sa vie : l'auteur a pu s'y consacrer librement et s'est efforcé de faire le vide et le silence à son profit. Né à Neuilly d'une famille de magistrats et de financiers, après ses études secondaires (Fénelon, Janson-de-Sailly) – et un échec à la licence ès lettres –, Roger Martin du Gard est admis en 1903 à l'École des chartes, dont il sort, en 1905, archiviste-paléographe, avec une thèse sur les Ruines de l'abbaye de Jumièges. En 1906, l'année de son mariage et d'un séjour de plusieurs mois en Afrique du Nord, la lecture de La Guerre et la Paix ayant éveillé sa vocation de narrateur, il entreprend un roman en plusieurs volumes, Une vie de saint, minutieuse biographie d'un prêtre. Il ne parvient pas à l'achever, et, très ébranlé par cet échec, il consultera en 1908 divers psychiatres et neurologues. À la fin de l'année, il écrit d'un seul jet, à Barbizon, son premier roman, Devenir. L'année suivante, il commence un autre roman, Marie, qu'il pousse assez loin, mais abandonne et détruit. Il décide de s'installer à la campagne pour se mettre dans les meilleures conditions de travail : il vit d'abord dans le Cher, puis à Clermont, dans l'Oise, enfin au château du Tertre, à Bellême (Orne), qu'il achète en 1925 et où il mourra. De 1910 à 1913, il écrit son premier grand livre, Jean Barois, qui lui vaut l'attention et l'amitié des dirigeants de La N.R.F., Jean Schlumberger, André Gide, et aussi Jacques Copeau. Car le roman qu'est Jean Barois emprunte sa technique au théâtre, et Martin du Gard écrit peu après une farce paysanne, Le Testament du père Leleu, que monte le théâtre du Vieux-Colombier au début de 1914. À son retour de la guerre (qu'il fera dans les services de l'intendance), il s'enferme à Clermont où il va accumuler notes et plans pour le nouveau roman, « l'histoire de deux frères, deux êtres de tempéraments aussi différents, aussi divergents que possible, mais foncièrement marqués par les obscures similitudes que crée, entre deux consanguins, un très puissant atavisme commun » : Les Thibault. Pendant dix-sept ans, de 1920 à 1937, le plus clair de son temps sera consacré à cette vaste entreprise qui l'éloignera presque constamment de Paris. Paraissent successivement Le Cahier gris et Le Pénitencier (1922), La Belle Saison (1923), La Consultation et La Sorellina (1928), La Mort du père (1929). De 1929 à 1930, Martin du Gard travaille au tome suivant, L'Appareillage[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Média

Roger Martin du Gard - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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