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MURARO ROGER (1959- )

Roger Muraro - crédits : Marion Kalter/ AKG-images

Roger Muraro

Après l’avoir entendu, en 1988, interpréter, en public et sans l’aide de la partition, ses Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus, Olivier Messiaen adressait au jeune pianiste la dédicace suivante : « Merci à Roger Muraro pour son intégrale absolument sublime de cette œuvre si difficile ! Avec toute mon admiration pour sa technique éblouissante, sa maîtrise, ses qualités sonores et, j’ose dire sa Foi ! » Intronisé par le compositeur en personne comme son interprète d’élection parmi la nouvelle génération, Roger Muraro ne s’est pourtant pas laissé enfermer dans le statut glorieux mais réducteur de « spécialiste de Messiaen ». Son tempérament et ses goûts s’expriment bien au contraire dans un répertoire étendu qui relie les époques classiques aux musiques de son temps.

Architecte et coloriste

Roger Muraro naît à Lyon le 13 mai 1959 de parents immigrés de fraîche date, d’origine vénitienne et de condition modeste. Il s’initie d’abord au saxophone et fréquente la fanfare municipale du village où habite sa famille. Assez rapidement repéré, il suit les cours de l’instrument au conservatoire régional de Lyon, ce qui lui offre de premiers contacts avec quelques partitions contemporaines signées Marius Constant et René Leibowitz. C’est en autodidacte qu’il aborde le piano. Sans pour autant abandonner le saxophone, il en commence sérieusement l’étude au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon dans la classe de Suzy Bossard. Il y obtient un premier prix en 1977. Dès l’année suivante, il est admis au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans la classe de l’épouse d’Olivier Messiaen, Yvonne Loriod, elle-même virtuose accomplie et créatrice de la plupart de ses œuvres pour piano. Il y remporte en 1980 un premier prix de musique de chambre et, en 1981, un premier prix de piano à l’unanimité. Il poursuit sa formation auprès de Nikita Magaloff, György Sándor, France Clidat et Paul Badura-Skoda. Roger Muraro s’illustre alors dans de nombreuses compétitions internationales : premier prix au concours Franz-Liszt de Parme (1981), deuxième prix au concours de Porto (1984), premier prix au concours de Marsala (1985), quatrième prix ex aequo au concours Tchaïkovski de Moscou (1986), remporté cette année-là par Barry Douglas. Il ne tarde pas à entamer une belle carrière de pédagogue aux conservatoires de Lyon et de Reims (2003-2004) puis, à partir de 2006, au Conservatoire de Paris.

Roger Muraro évolue, au disque comme au concert, dans un vaste univers qui rassemble Mozart, Chopin, Liszt – notamment sa transcription bien peu fréquentée de la Symphonie fantastique de Berlioz –, Fauré, Moussorgski, Debussy, Ravel – il a enregistré une intégrale de sa musique pour piano –, Albeniz, Tchaïkovski, Rachmaninov, Stravinsky et Gershwin. En hommage à un grand défenseur de la musique du xxe siècle, Claude Helffer (1922-2004), il signe un album qui rassemble des œuvres composées par Henri Dutilleux, Bela Bartók, Arnold Schönberg, Pierre Boulez, Charles Ives, Gilles Tremblay et Betsy Jolas. De cette dernière, il crée deux partitions : MorningThoughts(2009) et Histoires vraies, double concerto pour piano, trompette et orchestre (2016). Il croise la route de chefs d’orchestre renommés tels que Daniel Barenboim, Sylvain Cambreling, Myung Whun Chung, Ivan Fischer, Valery Gergiev, Marek Janowski, Suzanna Mälkki, Zubin Mehta ou Kent Nagano. De nombreux labels se partagent sa discographie. En 2001, une Victoire de la musique lui est décernée dans la catégorie « soliste instrumental ». Son jeu, à la fois précis et coloré, imaginatif et rigoureux, montre un remarquable sens de l’architecture et une virtuosité aussi éblouissante dans les styles classique et romantique que dans les exigences des partitions nouvelles.

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Roger Muraro - crédits : Marion Kalter/ AKG-images

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