SESSIONS ROGER (1896-1985)
Le compositeur américain Roger Huntington Sessions voit le jour à Brooklyn (New York) le 28 décembre 1896. En 1910, il entre à Harvard University où il commence ses études musicales, obtenant le diplôme de Bachelor of Arts en 1915. Il travaille ensuite la composition à la Yale School of Music avec Horatio Parker et obtient le titre de Bachelor of Music en 1917. À cette époque, il devient l'élève, en privé, d'Ernest Bloch, qui s'était fixé depuis peu aux États-Unis, à Cleveland et à New York. Simultanément, il commence à enseigner la théorie musicale au Smith College de Northampton, dans le Massachusetts (1917-1921). Assistant de Bloch au Cleveland Institute of Music (1921), il y est ensuite nommé chef du département de composition musicale. Grâce à différentes bourses, il passe l'essentiel des années 1925-1933 en Europe : deux Guggenheim Fellowships (1926 et 1927), le prix de Rome américain (1928) et le Carnegie Fellowship (1931-1932) lui permettent de séjourner à Florence, Rome, Berlin et Paris, où il travaille avec Nadia Boulanger. Une période déterminante dans son évolution artistique.
Revenant périodiquement aux États-Unis, il organise avec Aaron Copland une série de concerts de musique contemporaine à New York, les Copland-Sessions Concerts, qui joueront un rôle essentiel dans la diffusion de la jeune musique américaine. Commence alors pour lui une carrière pédagogique très importante : il est professeur à l'université de Boston (1933-1935), au New Jersey College for Women (1935-1937), à l'université de Princeton (1935-1945 et 1953-1965), à Berkeley (1942-1952 et 1966-1967), à Harvard (1968-1969), ainsi qu'à la Juilliard School of Music de New York, où il enseignera de 1965 à la fin de sa vie. Parmi ses élèves, on trouve la plupart des figures marquantes des générations suivantes : David Diamond, Leon Kirchner, Milton Babbitt... Président de la section américaine de la Société internationale de musique contemporaine entre 1932 et 1942, il en partage les fonctions de chairman avec Copland à partir de 1953. Il recevra de nombreuses récompenses, notamment le prix Pulitzer (1974). Il meurt à Princeton le 16 mars 1985.
Les premières œuvres de Roger Sessions sont profondément marquées par l'esthétique d'Ernest Bloch : style rhapsodique, polytonalité, contrepoint très serré et dissonances non résolues forment un ensemble austère. L'influence de Stravinski transparaît parfois dans une production souvent éclectique dominée par un sens de la construction très développé. Sessions cherche alors à lutter contre l'américanisme souvent facile et excessif de ses contemporains. Ce refus de la séduction est souvent mal compris, et les œuvres qu'il compose alors passent difficilement la rampe. De cette première période datent la musique de scène pour The Black Maskers de Leonide Andreïev (1923), la Première Symphonie (1926-1927), créée à Boston par Serge Koussevitzky et la Première Sonate pour piano (1928-1930). Avec le Concerto pour violon (1931-1935), il se tourne vers une écriture chromatique, alors qu'à son retour d'Europe il cultive volontiers le néo-classicisme à la façon de Stravinski. Mais sa voie est ailleurs : la Deuxième Symphonie (1944-1946), créée à San Francisco, et la Deuxième Sonate pour piano (1946) révèlent un chromatisme assez dur qui l'amène vers une écriture atonale caractérisant The Trial of Lucullus, opéra sur un texte de Brecht (1947), le Deuxième Quatuor (1950), la Troisième Symphonie (1955-1957), que crée Charles Münch à Boston. À cette période atonale succède naturellement une période sérielle, déjà prévisible dans la Sonate pour violon seul (1953), mais qui s'affirme dans un dodécaphonisme assez libre : Concerto pour piano (1956), Idyll of Theocritus, pour soprano et orchestre (1956), Messe (1956), Quintette[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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