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ROGERS MILTON MICHAEL RAJONSKY dit SHORTY (1924-1994)

Milton Michael Rajonsky, dit « Shorty » pour sa petite taille et « Rogers » parce que c'est plus facile à prononcer, naît le 14 avril 1924 à Great Barrington (Massachusetts). C'est très jeune qu'il s'initie à la trompette à la High School of Music and Arts de New York. En compagnie de Jimmy Giuffre, il étudie la composition et l'arrangement au Conservatoire de Los Angeles avec le Dr Wesley La Violette. Il participe évidemment à l'orchestre de l'école et reçoit un premier grand choc esthétique en entendant Count Basie à l'Apollo de New York. En 1942, il est engagé pour quelques semaines dans l'orchestre de Will Bradley, avant de rejoindre jusqu'en mai 1943 – date de son départ au service militaire – la formation du vibraphoniste Red Norvo. Encore sous les armes, il peut reprendre dès 1945 ses activités musicales : enregistrements avec le septette de Cozy Cole, le nonette de Red Norvo, participation avec Earl Lamond, Emmett Carls, Chubby Jackson et Don Lamond au premier disque de Lennie Tristano. Démobilisé en septembre 1945, il entre dans le premier Herd de Woody Herman (1945-1946), pour qui il écrira de très nombreux arrangements. Il enregistre avec les Kai's Krazy Cats, que dirige Kai Winding, où il retrouve Stan Getz et Shelly Manne (1946). En 1947, il est successivement engagé dans l'orchestre de Charlie Barnet, celui du chanteur Butch Stone, avant de rejoindre, en fin d'année, le deuxième Herd de Woody Herman (1947-1949). De 1950 à 1951, Stan Kenton appelle Shorty Rogers – le trompettiste mais aussi le prolifique compositeur – dans sa formation qui porte alors le nom d'Innovations in Modern Music. C'est en 1951 qu'il s'installe définitivement à Los Angeles, qu'il devient le véritable chef de file du courant West Coast et réalise ses premiers enregistrements comme leader de sa propre formation, les Giants. On l'entend jouer au Lighthouse avec Jimmy Giuffre et Shelly Manne, à Hermosa Beach avec Howard Rumsey (1953). Devenu directeur musical chez Atlantic (1955), puis producteur pour RCA Victor (1956), il écrit thèmes et arrangements pour de très nombreux musiciens californiens. De cette époque encore, deux musiques de film, pour L'Équipée sauvage (1953, Laslo Benedeck) et L'Homme au bras d'or (1955, Otto Preminger). À partir de 1963, sa carrière subit une assez longue éclipse. Il n'apparaît plus guère, professionnel néanmoins respecté, que dans les studios de cinéma. Il signe la musique de l'illustre série télévisée Starsky and Hutch mais quitte inexorablement les feux de l'actualité. Shorty Rogers effectue cependant un retour en 1982 avec le National Youth Orchestra, reforme des West Coast Giants pour une tournée au Japon (1983) et participe une dernière fois à la Grande Parade du jazz à Nice (1985). C'est bien oublié qu'il disparaît le 6 novembre 1994 à Los Angeles.

Le trompettiste mérite pourtant sa place dans l'élite. Une sonorité chaleureuse et douce, des phrasés d'une élégante décontraction, un goût pour les mélodies aériennes et raffinées définissent une personnalité attachante qui a su intégrer les influences successives de Miles Davis et de Chet Baker. Le technicien de l'instrument est brillant avec un sens aigu du swing et un jeu à la fois vif et précis. Le soliste pense toujours néanmoins en arrangeur et ne trouve son épanouissement personnel qu'en communion étroite avec le groupe musical qui le porte. Héritier sur ce terrain de la manière Kansas City revue par Count Basie, Shorty Rogers l'enrichit des apports de la musique contemporaine telle qu'elle se définit entre Darius Milhaud et Arnold Schönberg. Mais, quelle que soit l'audace de ses expérimentations, la science reste chez lui aimable, et la recherche est toujours dominée par le souci de l'équilibre et le sens de la[...]

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