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ROI NĀGA, art kouchan (Inde)

Les Nāga – serpents anthropomorphes – peuplent déjà certains des premiers bas-reliefs bouddhiques au iie siècle avant notre ère, mais leur nature serpentine ne se traduit alors que par un chaperon miniature couronnant comme une aigrette la tête d'un corps parfaitement humain. Quelques siècles plus tard, à Mathura sous les Kouchans, le personnage devient une sorte de Janus, ambigu des pieds à la tête : son corps humain à la plastique pleine et subtile s'adosse à ses anneaux dressés d'où jaillit un vaste chaperon, ici disparu, qui coiffe désormais la tête humaine, elle aussi disparue (musée des Arts asiatiques-Guimet). Par son déhanchement, le corps suit en les atténuant les replis du serpent, les humanise tout en traduisant leur souplesse, tandis que de vastes drapés habillent sans artifices inutiles leurs débordements latéraux. Loin d'être la simple juxtaposition de deux formes incompatibles, l'image apparaît pourvue d'une nature unique traduite dans les deux mondes dont relève la divinité.

— Bruno DAGENS

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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