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CIESLEWICZ ROMAN (1930-1996)

Affichiste, photomonteur, metteur en page, scénographe, Roman Cieslewicz peut être considéré également comme un plasticien, travaillant sur tous les supports, selon l'exemple des avant-gardes qu'il a su perpétuer. Dans son œuvre, l'échange est incessant, en effet, entre la création pure et les travaux de commande pour la presse, l'édition, la publicité. Il est, pour ainsi dire, graphiste par excellence : traçant un trait d'union entre l'art et ses applications, entre les disciplines, entre les sensibilités, depuis celle de son pays d'origine, la Pologne, jusqu'à la France, sa patrie d'adoption.

L'école polonaise

Né à Lwów, en Pologne (aujourd'hui Lvov, en Ukraine), Roman Cieslewicz suit l'enseignement de l'Académie des beaux-arts de Cracovie, dont il obtient le diplôme dans le cadre de l'atelier d'affiches, en 1955. Installé à Varsovie, il dessine des affiches pour les Éditions artistiques et graphiques d'État (W.A.G.), pour la Centrale de distribution des films (C.W.F.), pour des théâtres et des maisons d'édition. Il conçoit également les formules de magazines, comme Ty i ja (Toi et Moi), ainsi que les mises en pages de catalogues d'exposition. Par ailleurs, il contribue aux scénographies des pavillons polonais des foires de Leipzig (1957) et de Moscou (1959), ainsi que de divers stands d'entreprises d'État lors de manifestations internationales.

À la fin des années 1950, l'école polonaise de l'affiche est reconnue sur le plan mondial, et Cieslewicz apparaît, malgré son jeune âge, comme un de ses chefs de file, aux côtés de Józef Mroszczak ou de Henryk Tomaszewski. Ses affiches sont caractérisées par un expressionnisme caustique, auquel le dessin de la lettre contribue de manière notable. Dès l'origine, il pratique le collage et le photomontage, faisant preuve d'une grande liberté formelle tout en revendiquant l'héritage des constructivistes russes et polonais – le groupe Blok notamment –, des Allemands Herbert Bayer ou John Heartfield...

Il bénéficie bientôt de commandes de l'étranger, et réalise pour la firme italienne Italsider cinq panneaux décoratifs – des portraits géants à la manière d'Arcimboldo, constitués de morceaux de photographies de machines et de structures industrielles, dont il s'inspire dans diverses créations ultérieures.

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Écrit par

  • : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris

Classification

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