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ROMAN CIESLEWICZ, LA FABRIQUE DES IMAGES (exposition)

L’exposition Roman Cieslewicz, la fabrique des images (musée des Arts décoratifs, Paris, du 3 mai au 23 septembre 2018) a permis de redécouvrir un des artistes graphiques les plus importants de la seconde moitié du xxe siècle, qui a d’abord exercé en Pologne, où il est né en 1930, puis en France, dont il a acquis la nationalité.

Le commissariat et la scénographie d’Amélie Gastaut, conservatrice chargée des collections de design graphique et de publicité au musée des Arts décoratifs, s’appuient sur un ensemble rare de documents en provenance des fonds publics et privés conservant ses créations : musée des Arts décoratifs, Centre Georges-Pompidou, musée de Grenoble, Institut mémoires de l’édition contemporaine (IMEC), ainsi que des collections particulières d’Antoine de Galbert ou d’Agnès B. notamment.

L’œil, la main

L’œuvre de Cieslewicz comprend des travaux de commande et des projets personnels, qui se nourrissent sans cesse les uns les autres. Les champs qu’elle recouvre sont d’une grande diversité : affiches de cinéma, de théâtre, pour les expositions du Centre Georges-Pompidou, mises en pages pour Elle,Vogue ou encore LAutre Journal, photomontages, collages, couvertures de livres pour les éditions du Seuil, Hazan, 10/18, etc.

Au-delà des réalisations abouties (affiches, livres, catalogues, formules de presse) et des « travaux d’atelier », en particulier les collages et montages qu’il a créés librement jusqu’à la fin de sa vie, l’exposition présente de nombreuses maquettes de toute nature. Ce sont autant d’éléments de recherche, d’esquisses, de variations qui donnent à voir les processus de création de manière inédite. Roman Cieslewicz avait accumulé une documentation foisonnante concernant une multitude de sujets, qu’il puisait dans la presse pour l’essentiel et qu’il avait classée dans plusieurs centaines de boîtes. La singularité de l’exposition tient à l’association, à l’échange, voire à la confrontation entre ces archives, qui constituent la matière première de son travail, les croquis, ébauches et épreuves, et les œuvres uniques ou reproduites, signées de sa main.

À tout seigneur tout honneur, l’exposition ouvre sur la thématique de l’affiche. Le visiteur se trouve face à d’impressionnants murs, des créations de Cieslewicz qui révèlent sa maîtrise dans ce registre depuis les réalisations polonaises de ses débuts. Un exergue traite de « l’œil », signe symbolique omniprésent dans son répertoire, de même que la perspective ouverte sur « le cercle », à partir d’une boîte d’archives inscrite sous cette appellation, souligne la référence aux formes chères aux avant-gardes qu’il a su s’approprier à son tour.

Une salle formant transition est ensuite consacrée au thème de « la main » où est reconstitué, grâce à des agrandissements photographiques, l’univers de son atelier, rempli de ses dossiers d’archives soigneusement répertoriés. Lui succède une salle allouée au « collage », matrice de son œuvre à partir de la fin des années 1950, quand Cieslewicz décide de ne plus utiliser que des matériaux imprimés préexistants, à commencer par des gravures populaires – procédé emprunté au surréalisme auquel il confère une dimension nouvelle.

Les salles suivantes mettent en valeur la mutation qui se produit lors de sa venue en France en 1963, sa découverte de l’Occident et des nouveaux courants artistiques des années 1960-1970, le pop art en particulier. Cette période est caractérisée par la collaboration à Elle, dont il assure la direction artistique à partir de 1966, à Vogue, avec l’agence Mafia et de nombreux éditeurs, dont Christian Bourgois. Abandon du collage au profit d’un travail au trait, recherches sérielles, profusion des couleurs, citations irrévérencieuses, détournements, les couvertures de la revue Opus[...]

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Écrit par

  • : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris

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