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CIESLEWICZ ROMAN (1930-1996)

Directeur artistique

En 1963, Roman Cieslewicz quitte la Pologne pour devenir assistant de Peter Knapp, directeur artistique de Elle, à Paris. Au sein de ce périodique à la pointe de la modernité, il peut expérimenter à loisir. Ainsi, partageant l'attrait du pop art pour les images sérielles, naïves et distancées, et le jeu avec les matières (encres sérigraphiques, trames photographiques, etc.), il entame une première série de collages répétitifs, dont les Mona's Lisa's forment le prolongement dans sa recherche personnelle. En 1966, il prend la direction artistique de Elle tout en travaillant pour de jeunes éditeurs, Tchou, Pauvert ou Christian Bourgois, livrant des illustrations qui font référence au romantisme noir et au surréalisme – gravures fantasmagoriques, profusion et délire typographiques, etc. Il rejoint alors le groupe Panique fondé par Arrabal, Jodorowsky et Topor, adepte de la dérision, du non sense et d'une provocation fortement chargée d'érotisme.

En 1967, il se voit confier la direction artistique de la nouvelle revue d'art Opus international, ouverte à toutes les pratiques artistiques « pourvu qu'elles participent d'une critique de la société ». Le graphisme de création y est également à l'honneur, les affiches cubaines et polonaises, notamment. Ses couvertures pour Opus, dont le fameux visuel Che Si, deviennent des icônes de la contre-culture dans les années 1960-1970. Pour le magazine Jeune Afrique, il réalise une plaquette en hommage à Che Guevara dans un style résolument « pop-constructiviste », rappelant le caractère révolutionnaire de la typographie des avant-gardes des années 1920.

Cette évolution le place en dehors du registre de la publicité commerciale ainsi que de l'affiche culturelle de l'époque, souvent narrative et compassée. Alors qu'il a réalisé 220 affiches en Pologne, il n'en crée que 8 en France, de 1963 à 1969 ; il est d'ailleurs l'un des premiers à dénoncer l'appauvrissement de cette forme d'art, en rejetant la responsabilité sur la mainmise des agences de publicité, dans un interview accordé à la revue allemande Gebrauchsgraphik, en août 1969.

La même année, il est appelé à la direction artistique de l'agence de style et de publicité MAFIA., fondée par Maïmé Arnodin et Denise Fayolle, qui entend promouvoir une communication commerciale ouverte à l'innovation. Il intervient sur les projets les plus divers, pour Indreco, Yves Saint Laurent, Prisunic, Woolmark. Parallèlement, il poursuit ses travaux pour l'édition, prenant en charge les couvertures du Guide bleu chez Hachette et surtout la ligne graphique de la collection 10/18, chez Christian Bourgois.

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Écrit par

  • : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris

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