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ROMAN Roman et cinéma

Mario Soldati - crédits : Leonardo Cendamo/ Getty Images

Mario Soldati

Les relations de la littérature et du cinéma ont fait l'objet de commentaires nombreux et parfois polémiques, visant le plus souvent à repérer les traces d'une « influence » susceptible de s'exercer dans l'un ou l'autre sens et qui sera estimée bénéfique ou négative selon les cas et les auteurs. Très vite, le débat « littérature-cinéma » a été circonscrit aux rapports du roman et du cinéma, sans doute en raison de l'adaptation répétée à l'écran d'œuvres romanesques. Dans ce cas, il convient d'avoir présent à l'esprit que des deux termes confrontés ou juxtaposés, l'un (cinéma) désigne un moyen d'expression dans sa globalité (incluant des documentaires aussi bien que des films expérimentaux, des courts que des longs-métrages), pour ne pas parler des dimensions technique ou économique qu'il recouvre, tandis que l'autre (roman) renvoie à une partie seulement d'un moyen d'expression qui rassemble notamment des poèmes épiques, des journaux intimes ou des pièces de théâtre. De plus, même si le roman n'est qu'une forme littéraire parmi d'autres, le mot désigne des œuvres de factures très différentes, comme La Princesse de Clèves et Ulysse. Si bien que la question des rapports qu'entretiennent roman et cinéma n'aboutit souvent qu'au constat d'une double opposition radicale : d'un côté, on a la complexité des matières d'expression qui constituent le cinéma, de l'autre, l'unicité de celle dont dispose l'écrivain, cette opposition se renversant aussitôt en, d'un côté, les limites que comporte la représentation photographique et, de l'autre, l'éventail suggestif résultant de l'assemblage des mots. Ces questions de fond mises de côté, la relation du roman et du cinéma ne peut être envisagée que cas par cas, chacun d'eux étant susceptible de considérations infinies. En voici un parmi des milliers. Malombra (1942) de Mario Soldati transpose le roman homonyme d'Antonio Fogazzaro (1881) ; cette adaptation se distingue évidemment de celle, antérieure (1916), de Carmine Gallone mais ne l'ignore pas. Soldati a adapté deux autres œuvres de Fogazzaro avec Piccolo mondo antico (1941) et Daniele Cortis (1947). Par ailleurs, Soldati est lui-même un romancier, Un autre exemple pourrait être celui de Naguib Mahfouz, dont les œuvres ont été adaptées et qui a écrit plus de vingt-cinq scénarios.

Rapprocher les termes de roman et de cinéma revient à convoquer inévitablement quelques sujets de réflexion : la vocation narrative du septième art, les types de collaboration entre romanciers et cinéastes, les premiers écrivant des scénarios, les seconds s'emparant des œuvres littéraires pour les adapter. Il est néanmoins d'autres manières d'envisager l'échange : et d'abord, au travers de l'attente éperdue que suscita le cinéma chez beaucoup d'écrivains au début du xxe siècle ; le choix du mot « cinématographe » en France, comme les expressions de caméra-stylo (Alexandre Astruc) ou de cinécriture (Serge M. Eisenstein) vont dans le sens d'une réflexion sur le travail du metteur en scène envisagé comme travail d'écriture ; ensuite, le cinéma incite autant à écrire (scénarios, ciné-romans, cinéastes-écrivains...) qu'il suscite la tentation de la réalisation chez des écrivains-cinéastes ; enfin, on ne négligera pas l'expérience que représentent les projections de films – elle est devenue en quelque sorte matière romanesque parce qu'expérience du temps et de la mémoire.

La vocation narrative du cinéma

Autant en emporte le vent, V. Fleming - crédits : MoviePix/ Silver Screen Collection/ Getty Images

Autant en emporte le vent, V. Fleming

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Mario Soldati - crédits : Leonardo Cendamo/ Getty Images

Mario Soldati

Autant en emporte le vent, V. Fleming - crédits : MoviePix/ Silver Screen Collection/ Getty Images

Autant en emporte le vent, V. Fleming

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